Enki Bilal, un visionnaire au Musée de l’Homme

En écho à l’exposition Aux frontières de l’humain, qui explore nos limites et interroge l’avenir de notre espèce, le Musée de l’homme donne carte blanche à l’artiste Enki Bilal, en même temps que sort le 3^e tome de « Bug » (Editions Casterman), dernière série du dessinateur.

 

/// Virginie Beauvais

 

Ce drôle de zèbre dont il a fait l’animal son totem, explore les frontières de l’humain et de l’inhumain dans une quête quasi obsessionnelle de l’origine et l’avenir de l’humanité. L’Homme d’Enki Bilal contemple un monde chaotique. Il porte en lui la notion de frontière, celles de l’humain, de l’animal, de la planète, de la machine. Des frontières aussi fascinantes qu’effrayantes qu’il est nécessaire de traverser pour évoluer. L’artiste se joue néanmoins de ce règne du vivant au bord du précipice, de la violence par une forme de dérision et il adoucit ce monde asséché dans toutes les nuances de bleu.

 

 

Enki Bilal appartient, bien évidemment, à l’univers du 9ème art tout en étant auteur, réalisateur, peintre. Il sort des cases dans lesquelles on souhaiterait l’enfermer. « Les cases, une fois extraites, débarrassées de leurs mots redeviennent libres, c’est cette libération du dessin qui va passer par les yeux de ceux qui vont regarder et traverser l’exposition et qui vont construire leur propre vision ». Enki Bilal

Un concept qui reflète son processus de création puisqu’il dessine ses cases une à une en grand format, indépendantes du récit avant de les assembler. Cette narration créative de réassemblage offre alors la possibilité de raconter une autre histoire. Et l’exposition illustre pleinement la philosophie de cet optimiste qui a compris – tel qu’il se décrit en nous plongeant dans son univers dystopique à travers des dessins originaux, écrits, tableaux, reproductions, extraits de films… « artifigence », »hybrimutantech », « immortalistes », »mécanhumanimaux », … Des œuvres qui dialoguent avec les thématiques abordées par Aux frontières de l’humain qui comprend six parties : « Je suis un animal d’exception », » je suis un champion », « je suis un cyborg », « je suis un mutant », « je suis immortel » et « on va tous y passer ».