Un air de liberté

Un air de liberté

 

Il n’avait pas son pareil pour révéler l’intensité, la volupté, la grâce quasi divine qu’incarnaient les génies du Jazz. Ses portraits de jazzmen et jazzwomen photographiés aux Etats-Unis dans les années 50, 60 lors de grands festivals de Jazz laissent exhaler cet extraordinaire parfum de liberté. Jesse A Fernandez savait avec son inséparable Leica capter cette ardeur, cette fougue, cette passion et en second plan, cette force politique que traduisait alors le Jazz à cette époque.

 

Les musiciens armés de leur instrument mythique à l’instar de Miles Davis, Dizzie Gillepsy, Sonny Rollins, Max Roach, Charles Mingus, Billie Holliday avaient choisi de relayer à chaque note, à chaque respiration, à chaque souffle, un message fort en faveur de l’égalité des droits. Ils rejetaient massivement le « séparés mais égaux » et affirmaient leur volonté d’exclure la ségrégation au profit de concerts et événements placés sous le signe de l’Intégration. Un cri qui se ressent magnifiquement dans les photographies de Jesse A. Fernandez présentées dans la galerie Orbis Pictus et mis en valeur par la scénographie sobre imaginée par son directeur, Sitor Senghor.

Une partition de Jazz jouée admirablement puisque pour cette exposition intitulée « un air de liberté », la galerie s’est associée à la radio FIP qui célèbre cette année, sa quarantième année de Jazz à l’antenne. Une collaboration qui fait résonner avec justesse les airs de liberté des génies du Jazz avec celle de ce photographe humaniste, libre penseur qui aimait tant s’affranchir des conventions et des règles établies.

La première salle nous entraîne sur les pas de Miles Davis et de Dizzy Gillepsie, et dès l’entrée à gauche, l’artiste saisit la joyeuse danse d’Eartha Kitt. Cette actrice chanteuse, star de cabaret mais aussi activiste et artiste vocale révèle dans sa gestuelle l’intensité du jeu du trompettiste, compositeur et chef d’orchestre Dizzy Gillepsie.

 

Dizzy Gillespie. Festival de jazz de Newport. Newport 1960. (impression 20176). 40×30 cm. Tirage argentique moderne sur papier Baryté. Editions 25

 

Miles Davis et Dizzy Gillepsie laissent ensuite la place à d’autres images des génies du Jazz tel que Horace Silver. Ce cliché pris lors du Great South Bay Jazz Festival à New York en 1958 célèbre la puissance et le style de jeu particulier de ce pianiste et compositeur de jazz pionnier du hard bop. Il côtoie les clichés de Sonny Rollins, Jimmy Rushing ou bien encore Bud Powell et Max Roach qui lors du même festival ont été immortalisés par Jesse A Fernandez autant spectateur passionné que chasseur d’images.

Dans la dernière salle, un cliché semble s’extraire et s’échapper. Accroché seul sur le mur peint en blanc, il sublime de façon très moderne, le bassiste de jazz Percy Heath, prise lors du Great South Bay Jazz Festival à New York en 1958.

 

Percy Heath. Festival de jazz de Great South Bay. New York. 1958. (impression 2016).50×40 cm. Tirage argentique moderne sur papier Baryté. Editions 25

 

Ces tirages argentiques présentés chez Orbis Pictus nous offrent la beauté du regard de Jesse A Fernande.  Un regard qui se veut intime, intense et tellement singulier. Jesse A Fernandez est mort à Neuilly Sur Seine en 1986 mais il continue à nous faire voyager et plus encore à faire résonner les gammes savamment orchestrées par ces Génies du Jazz qu’il aimait tant photographier.

                                                                                                                                                                                              /// Nadège Besnard-Roussel, galeriste et conseillère artistique en art contemporain africain

 

Visuel de couverture : Eartha Kit & Dizzy Gillespie. Festival de jazz de Newport. Newport 1960. (impression 2016). 30×40 cm. Tirage argentique moderne sur papier Baryté. Editions 25

 

Galerie Orbis Pictus