Sur la route des chefferies du Cameroun

Du 5 avril au 17 juillet, retrouvez au Musée du Quai Branly l’exposition intitulée « Sur la route des chefferies du Cameroun. Du visible à l’invisible ».

/// Nadège Besnard-Roussel, consultante artistique en art contemporain africain

Les ancêtres ont façonné ce territoire montagneux riche et volcanique, ont cultivé, exploité et transmis à leurs descendants, une histoire, des traditions et un art de vivre. C’est cet art de vivre camerounais que nous découvrons à travers une exposition de grande ampleur qui présente pour la première fois dans les 800 mètres carrés de la galerie jardin du Musée, les pratiques des sociétés des hauts plateaux du Grassfields. Ce grand parcours vert, bleu et rouge de « Sur les routes des chefferies du Cameroun. Du visible à l’’invisible » invite le visiteur à cheminer le long de cet axe de vie et à entrer en quelque sorte en relation étroite, presque en communion, avec les traditions ancestrales des sociétés Bamouns et Bamilékés.

L’exposition commence par le visionnage d’un film qui démontre d’emblée la force des sociétés camerounaises, la diversité d’une terre immensément créative. Une voix prononce lentement un texte rempli de poésie et de sagesse, pour décrire ce peuple d’eau et de feu, cette terre de contraste ou vivent plus de 250 ethnies aux cultures et dialectes divers. Le parcours imaginé par les trois commissaires (Sylvain Djache Nzefa, architecte urbaniste, fondateur et coordonnateur général du programme Route des Chefferies, Cindy Olohou, historienne de l’art, fondatrice de Wasanii Ya Leo, et Rachel Mariembé, enseignante-chercheuse, cheffe du département (PI) « Patrimoine et Muséologie » de l’Institut des Beaux-Arts de l’université de Douala à Nkongsamba) est à bien des égards singulier, original, audacieux. Il est ponctué de couleurs et de lumières qui subliment les objets ancestraux et les oeuvres d’art contemporain. La scénographie imaginée par l’agence Explosition nous permet de regarder attentivement et plus encore d’admirer les savoirs-faire des sociétés Bamilékés. Cette exposition est placée sous des signes de grandeur, de hauteur et d’intensité.

Le visiteur le vérifie dès l’entrée du parcours en franchissant une grande porte constituée de deux immenses cornes d’éléphants sculptées. La première partie de notre route évolue le long de murs peints dans un vert franc rappelant les forêts luxuriantes des Grassfields. Trois cases patrimoniales tels des petits musées nous invitent à découvrir les multiples savoir-faire bamiléké : l’art des symboles, l’art de la forge, l’art des calebasses ou celui des fresques. Nous sommes ensuite guidés par plusieurs thématiques telles l’architecture, le rapport à la nature, le dialogue de l’homme avec l’animal et enfin le culte des ancêtres avec notamment la présence d’un totem d’un éléphant géant symbole de grandeur, de richesse, d’humilité et de pouvoir.