Photographies contemporaines à la Galerie du Chemin

Pour le photographe, pas besoin d’un grand objectif pour saisir la particularité de l’instant : un smartphone suffit amplement pour délier la magie du moment, avec une intervention ultérieure sur l’impression avec des couleurs à l’albumine qui lui « permet de [se] rapprocher de la limite entre la photographie et la peinture ». La poétique visuelle de Marcello Di Donato consiste à saisir des fragments de « théâtralité quotidienne » et, à l’ère de l’ivresse des images, à continuer de se laisser surprendre par un presque-rien (une ombre se projetant sur un mur) et à sans cesse retravailler son sujet, notamment par la matérialité de la peinture.

Il affirme ainsi qu’il « cherche une valeur esthétique même dans une image chaotique, comme la réalité urbaine : je n’aime pas fournir de documentation ; à mon avis, la photographie emprunte ce que vous voyez ». C’est donc sur des images des petites choses du quotidien que joue son travail, réinvestissant le banal pour le sublimer, le rendre saisissant : « J’essaie d’entrer dans le tissu urbain, en enregistrant les fragments visuels d’une réalité vivante, apparemment banale. Cette banalité est comme une sorte de défi à l’expression ». Sa photographie est énigmatique, baroque, flirtant avec une forme de surréalisme contemporain.

Gérard Köhler, un photographe amateur lorrain d’origine, a eu très tôt un appareil photographique entre les mains qui lui a permis d’affiner son regard. Plusieurs années consacrées à sa famille et à une vie professionnelle en tant que médecin anesthésiste-réanimateur l’ont longtemps détourné de cette passion qui était renvoyée au rang de passe-temps.

Son travail porte essentiellement sur la mémoire, et non pas sur une recherche historique des souvenir et souhaite que ses « images évoquent les temps passés, révolus. ». Il se concentre plutôt sur la sensation de ce qui fut autrefois, le ressenti face au moment. Il explique que « c’est le retour de sensations de mon enfance, des souvenirs évanescents, une ancre accrochée à mon passé ». Son travail est imminemment monochrome, puisque la couleur lui semble distraire l’attention du propos photographique. Il utilise des procédés de tirage anciens, principalement le cyanotype : la douceur de la couleur bleue et la profondeur du rendu traduisent parfaitement son sentiment, réveillant une nostalgie mélancolique chez le spectateur. De même, il n’hésite pas à utiliser un matériel tombé en désuétude : « Nous sommes peu à utiliser des chambres photographiques. Avec, je fais du grand format d’excellente résolution et je maîtrise tous les paramètres ».

Léo Lisbona (1987) est né au Mans. Jeune artiste autodidacte, il acquiert en juillet 2011 son premier appareil photo, un Fuji, avant d’obtenir un Nikon un an plus tard. Ses appareils l’accompagnent durant ses nombreux voyages aux antipodes du mondes : l’Australie, l’Asie, l’Espagne, la Nouvelle-Zélande… L’artiste baroudeur commence à exposer à la Galerie du Chemin dans le cadre de son atelier « L’Œil de Léo », puis à la Galerie L’Onde (Courseulles-sur-Mer) et a été invité à exposer dans plusieurs lieux en Pays de la Loire. Depuis septembre 2022, il s’est installé à Montréal, au Canada, pour se perfectionner en tant que photographe professionnel.

La poésie de ses paysages est palpable grâce à la technique de l’Intentional Movement Camera dont les couleurs se parent tantôt de sépia, tantôt d’encres métalliques.