Les paysages introspectifs de Ramzi Ghotbaldin

Les paysages introspectifs de Ramzi Ghotbaldin

Trois ans après avoir tenu une très belle exposition monographique à la galerie Claudine Legrand de Paris, les nouvelles œuvres de Ramzi Ghotbaldin composées en 2021-2022 sont de nouveau mises à l’honneur dans une installation intitulée « Mes Paysages », du 8 au 29 décembre 2022.

/// Lolita Fragneau

 

Ramzi Ghotbaldin est né en 1955 à Khanaqin, une ville entre le Kurdistan iranien et le Kurdistan irakien. Très jeune, il participe aux activités du studio familial et cet univers l’oriente naturellement vers l’École des Beaux-Arts dont il obtient son diplôme en 1975. De 1982 à 1990, il s’engage dans la résistance kurde, s’éloignant ainsi de la sphère artistique qui l’intrigue tant. Quelques années plus tard, il part vivre au Kurdistan iranien et y fera ses toutes premières expositions. En 1990, il est invité à Paris à l’occasion d’une exposition d’artistes kurdes, et il obtient l’asile politique ainsi que la nationalité française quelques peu de temps après. Depuis 1996, il expose régulièrement à Paris, en province mais s’est aussi étendu en Belgique, aux États-Unis, au Kurdistan et au Royaume Uni.

Arbres de printemps, huile, 100x100cm

Bien qu’il ait grandi dans une famille de photographes, l’artiste s’éloigne de cette tradition familiale pour s’emparer d’autres médiums. Il garde toutefois cette faculté de l’observation que lui ont enseigné son père et son grand-père, mémorisant les paysages qu’il admire et, avant tout, l’émotion qu’ils lui suggèrent : « sa double appartenance détermine la singularité de son univers. Son œuvre se situe au croisement de l’observation, du souvenir et du rêve, aux confins de la mémoire et de l’imaginaire ».

Le parc, huile, 100x100cm

L’artiste se plaît à peindre à l’acrylique et à la cire sur des supports divers et variés. Son œuvre est sans nul doute marquée par cette enfance difficile et les épreuves traversées par le peuple kurde, qui s’expriment notamment dans « les harmonies sombres de bruns, gris et noir », contrastées par quelques touches colorées. Ses racines orientales le confèrent à garder dans sa peinture un sens ornemental, mais il y met en scène un monde divers représentant à la fois son quotidien comme un univers fantastique, explorant ce regard si unique tantôt nostalgique tantôt tourné vers l’avenir. Les paysages de Ramzi Ghotbaldin sont imminemment emprunt d’une subjectivité sensible, et dévoile une part de ses émotions pendant le processus de création. C’est toute une vie d’homme morcelé qui s’abandonne sur le médium, laissant découvrir un travail presque cathartique et révélant par-là une réelle générosité de l’artiste.

Ponts de Paris, huile, 100x100cm

Galerie Claudine Legrand