Éric Saveau, entre imaginaire et autobiographie

Pour sa première exposition de l’année, la Galerie du Chemin, située au Port de Juigné face à l’abbaye de Solesmes (Juigné-sur-Sarthe), donne carte blanche à Éric Saveau pour une exposition intitulée Éric Saveau. Voi.e.s.x aventureuses du 3 février au 12 mars 2023. L’événement présente des peintures, dessins, collages et sculptures-assemblages inédits de l’artiste.

/// Lolita Fragneau

Éric Saveau est dessinateur et plasticien sarthois. Après avoir suivi pendant deux ans des cours à l’école des Beaux-Arts du Mans, il se tourne finalement vers des études littéraires et devient professeur de français. Il affirme par la suite que « ces cours m’ont permis d’avoir la technique pour ce que je fais aujourd’hui. Mais je n’ai pas un cursus artistique proprement dit. » Il ne fera sa première exposition qu’en 2012 dans une église à Dureil. Éric Saveau a participé à des salons (Prix Constant Guilmault des Arts plastiques saboliens, 2014) et a été invité en 2017 à une vaste présentation de son travail à l’Herberie de Coulaines, dans la Sarthe.

Il découvre un peu « par hasard » un format qui le séduit par son univers de contraintes créatrices : le rectangle 16 x 6 cm, qu’il utilise encore aujourd’hui. Depuis, l’autobiographie tient une place prépondérante dans sa création artistique qui n’a cessé de s’approfondir.

A partir de l’impulsion initiale du geste sur la feuille, Éric Saveau dessine au stylo Bic ou au feutre fin, colorie ou blanchit, découpe et assemble pour construire des séries, notamment de « graffitis oniriques », dont la liberté singulière est parfois teintée de réminiscences des premiers abstraits ou de surréalistes, mais qui s’inscrivent avant tout dans le sillage de la Figuration narrative. « Mon fil conducteur est l’onirisme » décrit-il. « Je laisse le crayon courir sur le papier. Le principe, c’est un dessin automatique. » Sujet à une grande diversité plastique, il change aussi souvent de support que de matériaux utilisés (peintures, crayons, feutres, colles, solvants, encres), souvent achetés au hasard.

« Je commence toujours par le fond abstrait », explique-t-il pour décrire son travail. « Suit le dessin figuratif sur le devant. Soit la surface papier reste vierge. Je laisse alors à porter de main cet « espace » et mon « matériel » pour répondre à une impulsion graphique de départ. Là, le dessin débute. Soit il m’arrive de photographier « quelque chose » qui me « parle » et a, pour moi, un intérêt plastique. Ces images sont alors imprimées en noir et blanc et insérées dans « mon » 16×6. Vient ensuite l’assemblage des rectangles et leur colorisation. Puis le dessin. Soit, je remplis la page blanche, base d’un futur dessin. Ou bien j’utilise d’autres supports. »

Chaque peinture, dessin, collage ou sculpture-assemblage, aussi différents de matières, formes et couleurs soient-ils, tantôt géométriques et tantôt organiques, laissent apparaître des leitmotive narratifs, notamment ses personnages à l’allure d’autoportraits. Ils se rejoignent souvent dans un double geste subversif : l’arrachement au tragique et la quête d’un sourire.