À la Galerie W, Toma-L peint des petits peuples libres

Les créations brutes de l’artiste Toma-L sont exposées à la Galerie W jusqu’au 21 novembre 2023.

 

       /// Nora Djabbari

Toma-L de son vrai nom Thomas Labarthe expose en permanence à W. À l’occasion de la parution de son livre chez Skira (223 pages) une exposition “solo show” présente sur les deux niveaux plus de 30 toiles jusqu’à fin novembre.

Ce qui nous interpelle, c’est l’énergie du pinceau, la force du trait qui dessine une lutte sans fin, majestueuse et mouvementée. Des bras s’amassent à des mains qui tirent sur des jambes, le combat est sauvage, sans merci mais sans gagnant. Toutes ces figurations s’unissent harmonieusement pour former un ensemble, fruit de la liberté de son auteur. Parfois, on distingue un œil ou un nez. C’est un petit peuple peint qui nous fait face, puissant et turbulent, vomissant toute sa vie. Il nous raconte son histoire et nous nous racontons la nôtre, dans un dialogue intuitif. Nous entrons dans l’exposition Mala Bestia. 

 

L’exposition Mala Bestia tire son nom d’une curieuse bestiole qui a constitué la première toile peinte par l’artiste. Les premiers balbutiements artistiques de Thomas Labarthe commencent au début des années 2000, avec la découverte de Jean Dubuffet lors d’une visite au Centre Pompidou signe le début d’une aventure qui le mènera à explorer l’art brut, un art accessible, instinctif et purifié de tout intellectualisme. Toma-L, inspiré par ce mouvement, poursuivra de manière libre dans les années qui suivront sa carrière en autodidacte et les années enrichissent son travail. « En donnant les plein pouvoirs à mes mains, mon cerveau devient spectateur. Un témoin placé ici pour apprécier et croire en quelque chose, sans jamais peindre en pleine conscience. », dit-il, décrivant ainsi sa démarche artistique singulière.

 

Si l’artiste se définit lui-même comme un performeur, se nourrissant du bruit et du collectif, sa galerie présente actuellement un travail profondément introspectif et intime. Son œuvre, exutoire et pulsionnelle garde son essence tout en se structurant davantage. À l’occasion de cette exposition sont réunies des toiles peintes dans la solitude, qui se répondent ou dialoguent, par leurs formes et formats variés.

 

Le jaune et le rose se marient, d’autres couleurs intenses viennent s’opposer, créant du rythme et du mouvement sur toutes ses toiles : « Moi, je fabrique mes couleurs à l’atelier en faisant des mélanges. Sur la toile, je juxtapose aussi les couleurs pour créer une harmonie, à l’aide d’aplats très structurés ou de traits répétés, de façon obsessionnelle. »

 Chaque coup de pinceau nous prouve que la force des émotions transcende la technique.