La Galerie Alexis Bordes nous fait entrer dans la vie quotidienne du siècle des Lumières

François Boucher, Pierre-Alexandre Wille ou encore Joseph Chinard… Autant de grands maîtres réunis dans la nouvelle exposition de la Galerie Bordes intitulée “La vie quotidienne rêvée du siècle des Lumières à la Restauration” à découvrir du 16 novembre 2023 au 19 janvier 2024. Des chefs-d’œuvre artistiques, inspirés par l’art hollandais, nous transportent au cœur de l’intimité bourgeoise offrant une nouvelle vue sur le travail des peintres de l’époque.

       /// Nora Djabbari

Ici, Flore et sa suivante, poussées par les traits maîtres de François Boucher se délaissent au milieu d’une nature fleurie exaltée par la beauté d’un ciel bleu orageux. Plus loin, des paysages exquis révèlent avec une poésie subtile un Vésuve en éruption, témoignage rare d’un phénomène naturel inédit. A leurs côtés resplendissent les pièces sensibles du renommé portraitiste Jean Baptiste Greuze, dont le talent technique et la subjectivité invitent à découvrir la grande peinture d’une ère… Amateurs d’Histoire, d’art précieux, aventuriers ou curieux ont leur place dans cette exposition retraçant avec merveille la vie quotidienne fantasmée du siècle des Lumières de la Restauration.

Nous voilà donc plongés dans un voyage temporel fait de rêveries, qui nous immerge dans l’intimité de la bourgeoisie du XVIIIème siècle. Les peintres de cet accrochage nous guident à l’intérieur des cabinets, des antichambres et dans l’intimité des psychologies humaines. Nous voguons ainsi, avec délice, entre des scènes de genre à connotation morale ou des paysages plats, entre des natures mortes florales et à la rencontre de visages poupins. L’ensemble d’œuvres présentées est indéniablement inspiré de l’art hollandais et rayonne par une représentation où l’expressivité des sentiments domine. La lumière, habilement maîtrisée dans toutes ces toiles à l’huile, est au service des expressions faciales. Cette collection contient une concentration éminente de peintres dont la capacité de coloriste n’est plus à prouver. Ces artistes réussissent à capter les effets de brillance d’une chevelure ou à représenter avec une fidélité frappante et nacrée la carnation d’une peau juvénile.

Parmi les pièces maîtresses, présentées, l’on peut noter un tableau de la femme artiste Constance-Marie Charpentier, “Une mère soignée par ses enfants” mettant en exergue l’amour maternel avec grâce et volupté, ainsi que les portraits romantiques de Louis Hersent dépeignant dans des intérieurs la haute société voulant s’immortaliser par l’art.

Véritable manifeste de l’art de vivre bourgeois, l’exposition constitue une vue d’ensemble sur le XVIIIème siècle. À travers les évocations visuelles de toutes ses toiles, nous en apprenons sur la mode, l’architecture et l’esthétique de ces années. Ainsi l’accrochage montre tantôt des châles cachemire, tantôt des effets de matière impliquant de la soie moirée, autant de détails qui ne sont permis que par la finesse d’un pinceau et de son crayon. Notre visite nous mène à observer des chocolatières en argent, des chaises médaillon, des coiffeuses cuivrées ou des paysages urbains, témoins des grandes évolutions démographiques et esthétiques de leurs époques. Ici, l’art s’élève à un raffinement et à une délicatesse picturale manifestant autant de sens de la psychologie que de maîtrise technique.