/// Nora Djabbari
Ce sont des bas-reliefs pleins de grandeur. Mais ici, vous ne trouverez pas de scènes épiques, de corps antiques aux formes exubérantes, encore moins des symboles divins. Pourtant, l’artiste Ariel Brami représente toute l’humanité noblement, à sa manière. Il ne le fait pas avec du marbre ni du calcaire. Ses matériaux sont la mie de pain et les bouchons, des outils inattendus qui révèlent des textures riches. La mie de pie, naturellement malléable permet, selon les dires de l’artiste, “d’illustrer” et “d’animer” son imagination. Et en effet quel mouvement dans ses mondes nourris de vie ! Ariel Brami est un conteur. Il nous immerge dans des scènes rocambolesques ou domestiques, nous confronte au détail, opère des arrêts sur image de tous les films de nos existences.
En utilisant des matériaux simples et sans poésie, Ariel Brami confère de la tendresse au quotidien tranquille qu’il figure, ou plutôt qu’il transfigure pour nous. Lorsqu’ils sont mis en relation avec leur support, les bouchons et la mie de pain deviennent des jardins colorés, des toiles en fête qui vomissent tout un peuple. Car chacun pourra se reconnaître dans ces personnages. Ils n’ont pas d’âge, pas d’origine, pas de passé, mais un présent qu’ils vivent intensément. Ses mains servent des tranches de vie comme on servirait des tranches de mie.
Les couleurs – un rouge vif, un rose corail ou un bleu océan – nous évoquent l’univers du cirque. Il y a quelque chose de spectaculaire dans ces petites figures qui fanfaronnent. C’est tout l’univers de la caricature qui surgit à l’esprit. Ces visages aux formes exagérées présentent des grimaces expressives tandis que ces cous excessivement longs plantent des silhouettes ridiculement dignes. L’essentiel de son travail n’est pas tant sa technique que son humour. L’humour d’Ariel Brami est un humour de situation, les proportions de ses personnages sont au service de sa dérision constante.
“Les Dalton du XXIème siècle” nous plongent dans un univers satirique où le quatuor emblématique de l’Ouest se transforme en militants munis de sabres laser. Pas bien méchants, les malfrats se dandinent sur un rythme qu’on imagine disco. Derrière eux, des flammes kitsch à l’image de leur passion. À travers ce tableau et tous les autres, Ariel Brami nous parle de l’absurde et de notre capacité à rire. Son crédo ? Rire de nous, rire des autres et aussi peut-être de notre condition.
Galerie GNG
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