Il s’est déjà fait un nom sur la scène artistique. Il s’appelle Djabril Boukhenaïssi, il est le tout premier lauréat du Art & Environment Prize de la Fondation Lee Ufan et il est diplômé des Beaux-Arts de Paris. Sa particularité est de marier avec harmonie l’abstraction et la figuration pour représenter tout en subtilité une atmosphère plutôt qu’une représentation fidèle de la réalité, une idée plutôt qu’un état. Pour le prix de la Fondation, il choisit d’abord de s’intéresser à la disparition de la nuit, actuellement perturbée par des phénomènes écologiques et par la pollution lumineuse. Mais ce choix symbolique s’avère être également un moyen de parler poétiquement de l’homme et de son désenchantement moderne. Cette problématique orientera d’ailleurs son travail ces prochaines années et continue de l’inspirer aujourd’hui. Outre les possibilités narratives évidentes permises par la thématique, il s’agit également d’un champ d’exploration plastique fertile.
L’exposition Phalène est infusée par le concept de disparition, mais cette fois, l’artiste s’inspire plus particulièrement de Virginia Woolf et de sa capacité si spéciale à transcender les frontières du visible et de l’invisible. Djabril Boukhenaïssi évoque des images de sa conscience à travers la peinture, là où Virginia Woolf l’exprimait par le pouvoir du flux des mots. De sa recherche plastique et philosophique nourrie de littérature, il tire ici des hommes et des femmes fantômes, des petits bouts d’humanité troubles, des émotions flottantes et des éclats de vie paisibles. Ce sont des instants du quotidien, des visions évanescentes qui semblent tout droit sorties d’un rêve. Les contours sont liquides, imprécis, impressionnistes. Alors qu’on distingue ici une femme lisant dans son jardin, dans la solitude et le silence, là bas, un grand paon de nuit se pavane.
La Galerie présente des toiles conjuguant la technique à l’huile et le pastel. Ces deux matériaux permettent des jeux de textures qui confèrent à ces ensembles une délicatesse rare. L’intensité du pastel vient relever la transparence aqueuse de l’huile séchée. La texture est vaporeuse. À travers ses petits personnages et ses scènes de vie, on sent le poids des souvenirs qui se fanent, la chaleur étouffante d’un soleil en plein déclin, la mélancolie des images passées dont on ne peut se détacher.
Galerie Sator Komunuma
- Adresse : 43 rue de la Commune de Paris
- Code postal : 93230
- Ville : Romainville
- Pays : France
- Tel : 01 87 66 09 04
- Site Internet : https://galeriesator.com/homepage