Pour célébrer le soixantième anniversaire des relations diplomatiques sino-françaises, le Musée National des Arts Asiatiques Guimet s’est associé à Art Exhibitions China pour concevoir une exposition dédiée à la dynastie Tang.
/// Emma Boutier
La sélection d’objets fait le récit d’une période marquée par de profondes mutations, visibles sur les plans social, culturel et politique. Riche de 207 pièces provenant de 32 institutions chinoises, elle recompose avec fidélité une mosaïque de Chang’an, capitale des Tang et plus grande ville du monde médiéval.
De l’intime au politique, l’art funéraire comme témoin
L’accrochage crée un dialogue entre les sphères privée et étatique par le biais de l’art funéraire, qui occupe une place importante dans le parcours. Si l’aménagement des tombes fait partie des rituels propres aux élites, les objets qui y ont été découverts restent des marqueurs essentiels de la vie quotidienne à l’époque médiévale.
Provenant de X’ian dans le Shaanxi, cette statuette nous renseigne sur la condition féminine à l’époque des Tang. Vêtue d’habits masculins, l’effigie illustre la liberté dont disposaient les femmes de cour, qui étaient en droit de participer à la chasse.
Les mausolées peuvent autant nous renseigner sur les usages de la noblesse que sur le fonctionnement de l’appareil étatique, car ils abritent essentiellement des membres de l’aristocratie. Une paire de statuettes de fonctionnaires civil et militaire permet de reconstituer les deux pendants du pouvoir et de confirmer la dimension « proto-technocratique » d’un système politique marqué par le confucianisme. En conditionnant l’accès au gouvernement à un système d’examens impériaux, les Tang consolidèrent une tendance à la valorisation de l’expertise des lettrés, qui persista dans les dynasties suivantes.
Ces figures se distinguent essentiellement par leur couvre-chef : symboles de bravoure, des oiseaux surmontent la tête du fonctionnaire militaire ; le fonctionnaire civil quant à lui, porte une parure dont le décor renvoie à l’intégrité et à la sagesse.
« Une dynastie cosmopolite »
L’exposition entend surtout mettre en avant les échanges économiques et culturels encouragés par la dynastie Tang. Grâce à son statut de plaque tournante, Chang’an voit s’épanouir un artisanat luxueux, alimenté par l’introduction de nouveaux matériaux raffinés, et par l’apprentissage de techniques venues d’ailleurs.
Des objets appartenant aux trésors de Hejiacun, Famensi et Dingmaoqiao reflètent l’apport considérable de l’ouverture de la Chine, à l’Est autant qu’à l’Ouest. La découverte de nouvelles ressources enrichit les pratiques artistiques : le bleu lapis-lazuli, importé d’Afghanistan, vient embellir les paysages de Li Sixun, peintre de la cour des Tang.
Des ressources immatérielles contribuèrent également à infléchir les coutumes des habitants de Chang’an. Le monde du spectacle y connut une importante diversification, fruit d’une fusion des pratiques étrangères et locales. Orgue, cithare, flûte de Pan ou tambour pigu, les musiciens ont désormais à leur portée une grande variété d’instruments.
C’est également à l’époque des Tang, et grâce à l’immense travail de traduction du moine Xuanzang, que le bouddhisme s’ancre pleinement dans l’Empire. Originellement apparu en Inde, il demeure de nos jours l’une des principales religions pratiquées en Chine.
En présentant une sélection variée et d’une qualité exceptionnelle, le musée Guimet reconstitue un panorama complet de l’histoire de la dynastie des Tang, déployé dans un parcours didactique. À voir jusqu’au 3 mars 2025.
Musée Guimet
- Adresse : 6 place d'Iéna
- Code postal : 75016
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 56 52 53 00
- Site Internet : www.guimet.fr