À l’accélération et à l’oubli – Les métiers d’art à l’honneur à Gallifet

L’Hôtel Gallifet en Aix-en-Provence suspend le temps à l’occasion d’une exposition éphémère du 7 novembre 2025 au 31 janvier 2026. À l’accélération et à l’oubli est une célébration de quinze créateurs à la croisée entre l’art et l’artisanat. Leurs travaux interrogent notre rapport à la matière et à la mémoire.

 

///Gaël Martin

 

Face à un monde qui glorifie la vitesse et l’immatériel, l’Hôtel de Gallifet invite à un temps suspendu. L’exposition À l’accélération et à l’oubli célèbre quinze créateurs qui, entre art et artisanat, réinventent le geste, la patience et la matière. Sous le commissariat de l’artiste et tisserande Morgane Baroghel-Crucq, cette manifestation s’impose comme une ode au savoir-faire, au dialogue entre tradition et innovation.

La question est ancienne, presque intemporelle : qu’est-ce qu’un artiste, qu’est-ce qu’un artisan ? À Gallifet, ces distinctions s’effacent. Ici, la main et la pensée s’unissent dans un même mouvement de création. On y découvre les céramiques élaborées de Grégoire Scalabre et celles de Jérôme Hirson, les créations délicates de la plumassière Nelly Saunier, les textiles colorés à la teinture végétale de Lise Camoin, d’Aurore Thibout, et de Laetitia Costechareyre, les amulettes contemporaines de Chloé Valorso, les pièces mobilières de Maxime Bellaunay, les objets en matériaux alternatifs de Marianne Barrier, les designs en verre de Baptiste Meniel, les statues expressives de Nina Fradet et les tissages monumentaux de Morgane Baroghel-Crucq. Chacun explore la matière comme un territoire sensible, entre rigueur technique et liberté d’invention.

 

Les œuvres dialoguent dans un parcours où se côtoient marqueterie de paille, joaillerie, textile teint à l’indigo, laque japonaise, bronze ou verre. Certaines, comme les créations d’Emma Bruschi, renouent avec des gestes agricoles oubliés, réinventant les savoir-faire paysans ; d’autres, telles celles de Nicolas Pinon et Dimitry Hlinka, font dialoguer artisanat traditionnel et technologies contemporaines. Toutes partagent un même engagement : redonner au temps, à la lenteur, à la main, une valeur d’avenir.

 

Dans l’atmosphère chaleureuse du centre d’art de l’hôtel Gallifet, l’exposition interroge notre rapport à la matière et à la mémoire. À l’heure où tout s’accélère, ces œuvres rappellent que la beauté réside dans la durée, dans le soin apporté au geste et dans la résistance silencieuse du faire. Comme l’écrit Kawai Kanjiro, maître potier japonais cité par la commissaire : « We do not work alone. »
À Gallifet, le collectif des créateurs témoigne que la main, loin d’être un vestige du passé, reste un manifeste pour demain.

Notes : 

 

Crédit de l’image mise en avant : © Lise Camoin