« Arborescences » de Lydie Arickx au Château de Chambord

« Arborescences » de Lydie Arickx au Château de Chambord

 

L’artiste Lydie Arickx présente son travail artistique à travers l’exposition Arborescences au Château de Chambord du 30 mai au 17 octobre 2021 en coproduction avec la Galerie Capazza, et sous le commissariat de Yannick Mercoyrol, directeur de la programmation culturelle du château de Chambord.

 

/// Stéphane Gautier

 

On l’appelle « la papesse de l’expressionnisme ». L’artiste plasticienne Lydie Arickx, figure majeure de l’expressionnisme français dont le travail célèbre la puissance vitale sous toutes ses formes, qui malmène la figure, tord la matière et rend compte de la violence du monde, s’est emparée du deuxième étage du château de Chambord. Une exposition inédite et protéiforme qui par analogie avec le fameux escalier à double révolution du château, s’intitule Arborescences.

 

©Stéphane Gautier

 

140 dessins, tableaux, sculptures et installations, pour la plupart inédits, œuvres sur toile, en verre soufflé, bronze, bitume, encre, béton, os, parchemin, charbon, résine, plume, inox et impression 3D sont donc présentés au public. Il faut dire que l’artiste est plurielle, parfois prolixe et que l’on pourrait parfois avoir la sensation d’être submergé par un tel travail, un si grand nombre de propositions. Mais la submersion n’est-elle pas le propre du travail de Lydie Arickx qui nous entraîne bien au-delà d’où l’on voudrait aller. Car c’est une ogresse qu’est l’artiste Lydie Arickx au sujet de laquelle l’auteur Patrick Grainville lauréat du Prix Goncourt 1979 écrit :

 

« Elle est aux fourneaux, maître-queux fourchu de ses jus. Souillon merveilleuse de son être, encapuchonnée de chiffons, elle maçonne à pleines mains, à pleine fringale, sa muraille nuptiale. Et c’est là que sa féerie se joue. Ce corps à corps ailé dans l’aveuglement lucide. Son art. Le sien. Son espace d’épopée. L’aire de son cri, de son rire, de sa manigance créatrice. La fresque où elle naît. Animiste, panthéiste, thaumaturge et chamane. Il y a du Jugement Dernier dans l’air, mais sans tribunal ni punition. Rien que pour l’enchantement d’une vaste résurrection. La bacchanale des vivants jaillit de l’humus. Un carnaval de formes nouvelles. Un crâne mijote sa floraison. Un fémur frémit et se couvre de gazon fluo. Bébés géants, ogres ailés comme des anges, fées aux cuisses de racines et aux hanches de Cocagne. Massacres de cerfs en un Printemps de Botticelli chez les poulpes. Oui toutes les pulpes de la création, toutes les palpitations des germes. Dans la gerbe des gravitations. (…) »

 

L’œuvre est onirique, organique, viscérale, membranée. Et tout du vivant à la mort y est ramifications, arborescences, révélations cathartiques ou impures dans une même acceptation. L’œuvre est la fois attractive et répulsive. Attraction pour se corps à corps proche de la performance dans de très grands formats qu’elle déploie dans les salles du château, car Lydie Arickx pratique ce que Yves Michaud appelle : « une vraie peinture d’action, physique, salissante, engageant tout le corps, à haut registre d’énergie, à la limite acrobatique et risquée ». Répulsion dans de curieuses sphères de résine emprisonnant des cadavres d’animaux. La démonstration est parfois périlleuse et les citations aux maîtres anciens Bosch, Rubens Greco, Goya un peu redondante comme dans cet hommage au Printemps de Botticelli revu à la manière d’un Grünewald dans son retable d’Inssenheim à la sauce psychédélique.

 

©Stéphane Gautier

 

On préférera, présenté dans la chapelle du château un très beau chemin de croix aux 14 stations faites de bois, de bronze de ficelles de verre ou d’os. Un travail tout à la fois percutant et d’une plus grande sobriété.

 

L’Expressionnisme, et le terme est sûrement trop juste pour qualifier l’œuvre de Lydie Arickx, c’est la valeur de la représentation dans l’intensité de l’expression. Intense le travail de Lydie l’est, il nous tient sur le fil. C’est une œuvre tendue, aux fleurs parfois vénéneuses. La valeur de la représentation y est peut-être trop mise de côté, mais comment représenter les flux, le sucs la sève qui irradient l’œuvre de Lydie Arickx autrement qu’à sa manière : magistrale, pulsionnelle et généreuse.

 

©Stéphane Gautier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Château de Chambord

  • Adresse : Domaine national de Chambord, Maison des Réfractaires
  • Code postal : 41250
  • Ville : Chambord
  • Pays : France
  • Tel : 02 54 50 40 00
  • Site Internet : www.chambord.org
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