ENTRETIEN. Art Paris Art Fair célèbre sa vingtième édition. S’imposant d’année en années dans le paysage des foires d’art contemporain, elle est devenue l’événement incontournable du printemps. C’est donc du 5 au 8 avril que la foire investit les verrières du Grand Palais. En attendant de découvrir le cru 2018, nous avons demandé au commissaire général Guillaume Piens de nous en dévoiler un peu plus.
L’Officiel des Galeries & Musées : Au milieu des nombreuses des foires d’art contemporain, comment situez-vous Art Paris Art Fair ?
Guillaume Piens : Quoique généraliste et internationale avec 142 galeries de 23 pays, Art Paris Art Fair est d’une part tournée vers l’exploration régionale des scènes européennes de l’après-guerre à nos jours, avec cette année un éclairage donné à la scène française et un focus sur la Suisse, pays invité d’honneur, tout en accordant d’autre part une place importante aux nouveaux horizons de la création contemporaine internationale qu’ils viennent d’Asie, de Russie, d’Afrique ou du Moyen-Orient. Je dirai qu’Art Paris Art Fair est une foire internationale à vocation régionale qui privilégie la découverte ou la redécouverte.
L’Officiel : Quelles sont les particularités de la scène artistique suisse, mise à l’honneur cette année ?
G. P. : La Suisse est à l’origine de certains des courants artistiques et des créateurs les plus singuliers du XXème et XXIème siècle. Entre goût de l’épure et humour décalé, la scène artistique suisse est prolifique et diverse à l’image d’un pays à la croisée de différentes traditions et cultures européennes. C’est également une scène très décentralisée où chaque ville, de Zurich à Bâle, de Genève à Bern, cultive son autonomie et sa différence.
Outre la présence d’une centaine d’artistes de différentes générations, représentés aussi bien par des galeries suisses qu’européennes, le programme vidéo, conçu par la commissaire invitée Karine Tissot, privilégie les femmes artistes suisses. L’apparition du médium dans les années 1970 coïncide avec le suffrage féminin introduit au niveau fédéral en février 1971. De même les projections numériques sur la façade mettent en avant une génération d’artistes très innovante comme Camille Scherrer, Alan Bogana, Yves Netzhammer, représentant trois régions culturelles différentes de la Suisse (respectivement la Suisse romande, la Suisse italienne et la Suisse alémanique).
En écho aux pratiques in-situ très prisées par les artistes suisses contemporains, les murs monumentaux des nefs Nord et Sud accueilleront quatre compositions murales all over conçues spécifiquement pour la foire, dont un projet photo-mural de Christoph Rüttimann présenté par la Galerie Mai 36, ou une installation de peintures de Sébastian Mettraux. Enfin, la Suisse étant le pays en Europe qui compte la plus grande densité de collections et de fondations, nous avons invité la Collection d’Art Helvetia, exclusivement axée sur les artistes helvètes avec plus de 1 700 œuvres.
L’Officiel : Art Paris Art Fair célèbre ses vingt ans, quelles sont les nouveautés de cette édition 2018 ?
G. P. : Outre l’invitation à la Suisse, le secteur Promesses dédié aux jeunes galeries et à la création émergente, la section solo-show avec un nombre record de 35 expositions monographiques, nous avons développé, à l’occasion des 20 ans du Salon, un thème spécifique intitulé « un regard sur la scène française » avec le commissaire d’exposition et critique d’art François Piron. Celui-ci a opéré une sélection de 20 artistes français parmi les projets des galeries participantes. C’est un choix subjectif qui met en avant des figures singulières et indépendantes des années 1960 à nos jours, qui se sont tenues en marge de l’histoire dominante comme Hessie (Galerie Lefebvre), artiste féministe avant l’heure, Frédéric Pardo (Galerie Loevenbruck), dandy du Paris psychédélique des années 70 ou Blek le Rat (Galerie Ange Basso), pionner de l’art urbain dans les années 80.
L’Officiel : Comment sélectionnez-vous les exposants ? La foire est-elle devenue un rendez-vous obligatoire pour les galeries d’art ?
G. P. : La sélection s’opère par un comité composé à la fois de galeristes comme Diane Lahumière, Carina Andres Thalman, Alain Chiglien et de collectionneurs comme Marie-Ange Moulonguet, Jean François Keller. Cette sélection est nourrie par un intense travail de prospection de l’équipe d’Art Paris qui effectue une vingtaine de voyages par an. Nous rencontrons les galeries une à une chez elles, en Europe et à l’international.
Je ne sais pas si Art Paris est un rendez-vous obligatoire mais le nombre de demandes de qualité croît d’année en année comme la fréquentation de la foire et sa réputation, comme le témoigne l’afflux de galeries parisiennes de renom en 2018.
L’Officiel : À quel(s) public(s) s’adresse Art Paris Art Fair ?
G. P. : Je dirai avant tout aux passionnés de l’art ainsi qu’aux amateurs, Art Paris Art Fair se positionnant comme une foire qui privilégie la découverte, la pédagogie. Elle s’adresse également à un public professionnel invités dans le cadre du parcours VIP « A Paris au printemps ». Bien que nous ayons dénombré 59 nationalités parmi les VIP venus en 2017, de nombreux collectionneurs viennent des pays limitrophes (Suisse, Allemagne, Belgique…) mais également des régions françaises. La foire accueille une quinzaine de galeries de région.
GRAND PALAIS
3 av. du Général Eisenhower
Paris 8e
artparis.com
PT : 25€ – TR : 12€
Entretien réalisé par : Alix Meynadier