Du 22 octobre 2020 au 10 janvier 2021, la 193 Gallery présente les œuvres de cinq photographes dans l’exposition « Colors of Africa ».
/// Mathilde Mascolo
Portraitistes d’un nouveau genre, les artistes Hassan Hajjaj, Derrick Ofosu Boateng, Ebuka Michael, Thandiwe Muriu et Nyaba Ouedraogo s’attachent à faire transparaitre dans leurs œuvres l’image d’un continent africain extrêmement diversifié, quoi qu’unifié par l’essor de la création contemporaine.
Hassan Hajjaj, représentant incontesté du pop marocain, puise son inspiration entre l’Afrique du Nord et le Royaume-Uni. Mixant les objets de tradition – comme le caftan marocain, tunique longue traditionnelle – et de consommation contemporaine – telle que la boîte de conserve -, le photographe crée un lien indéfectible entre ces deux mondes dans son propre univers coloré et déjanté.
Le ghanéen Derrick Ofosu Boateng prend ses photographies à l’Iphone. Technique simple ? Bien au contraire ; il y a de remarquable dans la pratique de ce jeune artiste ses compositions élaborées semblables à des chorégraphies, et ses couleurs vives pour donner un résultat extrêmement graphique. Des images belles, joyeuses, d’une grande profondeur.
Également adepte de l’Iphone, le nigérian Ebuka Michael réalise ses photographies sur l’instant pour capturer des moments de vie authentiques. En saturant ses couleurs, il donne à voir des œuvres presque de l’ordre du surréalisme, très poétiques.
« Je me définis comme un photographe de l’Iphone car cet outil me permet de raconter les histoires qui me marquent et que j’observe à Lagos où il se passe sans cesse un événement à capturer dans l’immédiateté. Je ne pourrai pas réaliser de tels récits au moyen d’un appareil photo ».
– Ebuka Michael
L’artiste kenyane Thandiwe Muriu s’applique à sublimer la figure féminine noire dans ses portraits. Influencée par les canons esthétiques des magazines de mode occidentaux, elle remanie et impose sa propre vision du modèle à la peau noire. Ainsi, elle n’hésite pas à mettre en avant les coiffures afro et les tissus wax – notamment dans sa série « Camo » – par la couleur.
« J’ai commencé par me demander: « qu’est-ce que j’aime? » La réponse était simple – les couleurs. J’ai élargi le concept des couleurs africaines et joué avec les motifs. (…) L’utilisation d’un modèle à la peau très foncée était également importante. J’ai grandi avec un standard de beauté qui ne célébrait pas ma peau, et il y avait une «douleur» à avoir la peau foncée. Le CAMO a défié ces idéaux et a exploré la véritable «beauté africaine». »
– Thandiwe Muriu
L’humaniste Nyaba Ouedraogo vit et travaille entre Paris et le Burkina Faso. Il sillonne l’Afrique de part en part pour témoigner des conditions de travail et de vie des collecteurs de déchets, des casseurs de pierre, des transporteurs de décharges publiques… Son travail documentaire s’accompagne d’une réflexion identitaire et artistique ; où se situer, comment s’en extirper, comment y faire face ? L’artiste nous met face à ce que l’on ne veut pas forcément voir. En 2020, Ouedraogo prend un nouveau départ en se « dévoilant » : durant le premier confinement, il réalise un reportage sur lui-même, et procède à cette réflexion intérieure en accentuant les retouches de ses photographies – de la projection de pigments peints aux corps peints.
193 Gallery
- Adresse : 24 Rue Béranger
- Code postal : 75003
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 0145315416
- Site Internet : https://www.193gallery.com/