CONJURATIONS_ Fétiches et Totems en Aliènocène

CONJURATIONS_ Fétiches et Totems en Aliènocène

Jusqu’au 24 septembre, la Galerie Talmart est occupée par “CONJURATIONS_ Fétiches et Totems en Aliènocène”, placée sous le commissariat de Stéphanie Pécourt. Cette proposition artistique explore des imaginaires rituels et symboliques, à travers des œuvres qui interrogent notre rapport à l’altérité, au sacré, et à une époque post-humaine — l’Aliènocène.

L’exposition fait écho avec la toute prochaine exposition du Centre Wallonie-Bruxelles, intitulée “la condition extra-terrestre”.

 

 ///Astrid Vialaron

 

Avec cette exposition iconoclaste, nous découvrons les œuvres comme autant de reliques : fragments d’un temps éclaté, témoins d’un monde en mutation. À travers elles, s’esquissent des interrogations sur le passé, le futur, l’étrangeté et la transformation. Le langage qui structure cette traversée ? Celui de l’Aliénocène.

Emprunté au philosophe Frédéric Neyrat, ancien directeur de programme au Collège international de philosophie, le terme désigne une époque marquée par notre altérité fondamentale au monde. Nous habitons cette planète sans vraiment la comprendre, malgré nos prétentions à la dominer ou à l’expliquer. Face à cette étrangeté radicale, nous produisons des fétiches, des totems, des rituels – autant de tentatives pour conjurer notre propre désorientation.

Dans cette perspective, les œuvres exposées deviennent elles-mêmes des actes de conjuration.

 

Anna de Castro Barbosa, avec Leftlovers, façonne des formes fragiles à partir de cheveux, cils et poils humains — résidus corporels, vestiges intimes de ce que nous perdons continuellement. Leur agencement derrière une vitre de plexiglas, froide et lisse, les fixe comme on figerait un souvenir ou une relique. Le dispositif évoque une photographie ancienne, un fragment suspendu dans le temps. Élise Peroi, à travers sa série textile S’attarder en surface, cartographie le passage du temps. Par le tissage et l’oxydation, elle crée des surfaces sensibles où les liens se font et se défont, comme des réseaux d’émotions ou de mémoires. Chaque œuvre devient un territoire, une peau tissée de flux, d’attente, d’érosion.

 


Anna de Castro Barbosa © Anna de Castro Barbosa studio

 

Trônant au centre de la galerie, la sculpture en céramique émaillée d’Émile Degorce-Dumas, Améthyste, évoque le mythe grec de la jeune femme transformée en pierre pour échapper à Dionysos, dieu du vin et de l’excès. En versant son vin sur la roche, le dieu la teinte de violet, donnant naissance à la gemme du même nom. Cette métamorphose devient ici un geste symbolique, un acte de résistance pétrifié. Le visage figé est celui de Raya Martigny, figure queer et militante, actrice, mannequin et commissaire d’exposition (Kwir Nou Éxist, avec Édouard Richard). Par cette représentation sublimée, accompagnée d’excroissances féériques, de papillons poétiques et grotesques, l’œuvre célèbre les mutations des corps et des esprits, la transformation de la chair, es plaies sublimés.

 

Ainsi, « CONJURATIONS_ Fétiches et Totems en Aliénocène » explore moins ce que nous sommes que ce que nous devenons ; des êtres en transit, cherchant des repères dans un monde qui nous échappe. Face à l’étrangeté de notre époque, les artistes réunis ici inventent des gestes symboliques, sensibles, presque magiques.

 

 


 

Talmart Editions & Galerie

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