De fil et de rencontres

DE FIL ET DE RENCONTRES « célèbre la femme et la diversité culturelle. L’immersion au cœur d’une nouvelle écriture. Imprégnée par l’humain, l’ailleurs ». Voici les premiers mots du texte de la curatrice Fouzia Marouf à propos de l’exposition individuelle consacrée à l’artiste originaire d’Allemagne, Marion Boehm qui se tiendra à partir du jeudi 25 au Centre Culturel Algérien à Paris. Cet accrochage célèbre et sublime tant la femme que cette Afrique plurielle, multiple qui conjugue diversité et beauté. Ses créations sont le fruit d’une rencontre avec l’artiste photographe libanais Roger Moukarzel. Une alliance qui semble fondre la matière pour mieux la sublimer. Les portraits féminins en noir et blanc de Roger Moukarzel se parent de fils, de broderies, de collages révélant les multiples inspirations de l’artiste entre souvenirs et voyages en terre africaine.

« Un jour, sur un marché de Casablanca, j’ai échangé avec une jeune marocaine fascinée par ses magnifiques broderies. Elle me parlait avec fierté des travaux de broderie de sa mère. Ces broderies ressemblaient à celles de ma grand-mère, lorsqu’elle passait des semaines et des mois à embellir ses nappes de broderie avec passion et amour. C’est à cette époque que j’ai découvert que nous avions tous un sens de la beauté. La beauté, où qu’elle se trouve et quelle que soit sa forme, est un baume pour notre âme. Elle nous inspire, nous charge d’énergie positive et nous donne des ailes pour nous élever ». Marion Boehm est une artiste dévouée mettant à l’honneur la femme et plus encore la sonorité.  Imprégnée d’humaniste, abreuvée de sensibilité, l’artiste détient ce désir profond de révéler l’énergie créatrice du continent africain. Ce sont des portraits élégants, raffinés sertis de couleurs vibrantes, chatoyantes qui s’offrent à notre regard curieux de découvrir les strates, les médias et, les savoirs-faires ancestraux.

Que de Beauté et de cohérence dans ce parcours de vie entre Allemagne, Afrique du Sud et tant d’autres pays que l’artiste a sillonné et sillonne encore pour continuer à tisser ses fils et ses rencontres.

L’artiste parée d’une collection de matières, de souvenirs et d’émotions peut entrer dans une transe créative. Marion Boehm décrit son travail avec onirisme « lorsque je travaille, je me déconnecte complément de l’environnement et une sorte de processus méditatif commence à guider mes mains ». « Les personnages et moi nous observons longuement dans mon atelier, nous échangeons et nous nous déchiffrons jusqu’à ce que nous soyons satisfaits », poursuit-elle. Les œuvres de Marion Boehm témoignent d’une profonde sagesse liée à la lenteur et à la précision du geste. Il est aisé à travers ses mots et ses œuvres de grands formats d’imaginer l’artiste travailler dans le silence de son atelier ou parfois résonne ses morceaux de musique favoris pendant qu’elle tisse, brode et colles ses fragments de vie. Alzida, Berida, Jamila, Feride, Saide…portant un regard haut et fier et posent telles des reines africaines. Leurs vêtements rayonnent, scintillent sous les fils nacrés et la couleur quant à elle ne cesse de vibrer révélant l’aura de ces princesses orientales. Les œuvres de Marion Boehm respirent, bougent et virevoltent sous nos yeux captivés.

 

L’exposition individuelle De fils et de rencontres voyage. Initialement dévoilées en mars dernier au sein de AYN Gallery de Yasmine Azzi située à l’île Saint Louis, les œuvres de Marion Boehm prennent désormais plusieurs directions : d’une part celle du Centre Culturel Algérien et de l’autre celle de Banh-Hoi Gallery à Saint Tropez jusqu’au 15 octobre 2023.