De l’art à la Préhistoire ?

De l’art à la Préhistoire ?

Du 16 novembre 2022 au 22 mai 2023, le musée de l’Homme accueille une nouvelle exposition intitulée Art & Préhistoire. En se centrant sur les recherches archéologiques effectuées au XIXe siècle, elle attire notre attention sur des décorations datant de dizaines de millénaires avant nous, affirmant que l’art a de tout temps été une entreprise qui nous a intrigué, interpellé, et captivé. L’exposition est prolongée par un focus sur la Vénus de Lespugue qui apporte un regard contemporain des artistes de notre temps.

/// Lolita Fragneau

C’est dans une ambiance de plus en plus sombre et caverneuse que le parcours se déploie, donnant à voir des icônes de l’art paléolithique, mais aussi des œuvres méconnues, dont certaines n’ont jusqu’à présent jamais été montrées au public. Comme l’affirme justement le commissaire scientifique de l’exposition Éric Robert : « L’art de la Préhistoire est loin d’être figé, le renouvellement des connaissances est constant. La préhistoire est une jeune discipline scientifique ».

Plaquette calcaire figurant un visage humain 15000 avant JC © RMN-Grand Palais-MAN-Jean-Gilles Berizzi, Service presse MH

A travers trois grands axes, le parcours tente de répondre à la question : les Homo sapiens du Paléolithique étaient-ils les premiers artistes de l’Histoire ? Grâces aux fouilles archéologiques, il est aujourd’hui connu des spécialistes qu’un art préhistorique s’est développé partout dans le monde, des grottes de Dordogne aux falaises chinoises de Huashan, des canyons de l’Utah aux abris sous-roche de la Terre d’Arnhem en Australie. Certaines de ces œuvres datent de plus de 40 000 ans. Une nouvelle interrogation s’est alors posée pour les chercheurs : pourquoi nos ancêtres ont-ils eu l’envie – le besoin – d’entreprendre cette démarche artistique ? 

La première partie est consacrée à l’art mobilier, c’est-à-dire à ces objets sculptés, gravés ou peints, qui accompagnaient les Homo sapiens dans leur vie quotidienne : outils décorés, statuettes, sculptures d’animaux, plaquettes gravées… Plusieurs thématiques sont alors illustrées par ces artéfacts, comme les représentations humaines dans l’art de la Préhistoire, les icônes dont la Vénus de Lespugue qui fête le centenaire de sa découverte, mais aussi les représentations animales qui témoignent des connaissances que les artistes avaient des animaux. Quatre vitrines présentent des outils décorés : lissoirs, propulseurs, baguettes demi-rondes, ainsi que galets peints ou gravés, tous sélectionnés pour la richesse de leurs décors.

Vue de l’exposition Art & Préhistoire au Musée de l’Homme © MNHN – J. C. DOMENECH

La deuxième partie de l’exposition propose au visiteur de s’immerger dans l’art pariétal (qui fait référence à l’art des cavernes) et rupestre (qui désigne plutôt les œuvres réalisées en plein air) du monde entier. Ces œuvres ne pouvant pas être déplacées, l’exposition prend le parti scénographique de les évoquer au moyen d’images (vidéos, photos, projections lumineuses, animations…) Même si, comme le rappelle Éric Robert, « Le foisonnement d’images qui constitue l’art paléolithique, avec sa pluralité d’expressions, de formes, de combinaisons graphiques, doit s’interpréter avec prudence », un dispositif interactif et pédagogique est proposé pour appréhender et apprendre à reconnaître les différents styles définis de la Préhistoire.  Une fois ces techniques et ces styles en tête, le visiteur peut donner libre court à sa propre fibre créatrice sur les murs du musée, transformés en fresque interactive pour l’occasion.

Enfin, l’exposition se prolonge sur le balcon du musée de l’Homme par un hommage à la Vénus de Lespugue, élément phare de ses collections, qui n’avait pourtant plus été exposé depuis 2019. Présentée dans la première partie de l’exposition, elle est à nouveau réinterprétée par les artistes qu’elle a inspirés. Réunissant sculptures, installations et œuvres vidéo, ainsi que des artistes tels que Yves Klein, Louise Bourgeois, Brassaï, Anna Ginsburg et Muriel Décaillet, cet espace permet de souligner l’aura de la Vénus en tant qu’icône de la féminité et symbole de fécondité artistique.

En somme, ces œuvres mises à l’honneur dans l’exposition fascinent par leur âge, séduisent par leur beauté, intriguent par le mystère qu’elles recèlent et constituent une référence universelle pour l’humanité entière. Cet engouement sera poursuivi en 2023 par une nouvelle exposition nommée Picasso et la Préhistoire qui présentera une quarantaine de peintures, sculptures, dessins, céramiques et galets gravés, dévoilant comment la Préhistoire a nourri l’œuvre de l’artiste.

Venus de Lespugue, Ivoire de mammouth, datée entre 25 000 et 28 000 ans, 14,7 cm © MNHN – J.-C. DOMENECH

Musée de l’Homme

  • Adresse : 17 Place du Trocadéro et du 11 Novembre
  • Code postal : 75116
  • Ville : Paris
  • Pays : France
  • Site Internet : https://www.museedelhomme.fr/