Elle Chabal – Marielle Chabal à la Galerie Alberta Pane

Elle Chabal – Marielle Chabal à la Galerie Alberta Pane

Jusqu’au 17 janvier 2026, la Galerie Alberta Pane transforme ses espaces en une véritable boutique de mode. Cette métamorphose s’opère à l’occasion de la première exposition personnelle de Marielle Chabal dans une galerie. L’artiste française présente sa marque fictive, Elle Chaval, constituée d’éléments tout aussi glamour que inconfortables : des chaussures à talons et des accessoires en céramique colorée. Cette collection automne-hiver impossible à porter renvoie aux injonctions dictant souvent la féminité, notamment la nécessité de souffrir pour être belle.

///Melian Pussey

 

 

Marielle Chabal est une artiste multidisciplinaire spécialisée dans la création de fictions spéculatives. Celles-ci sont conçues pour susciter des interrogations profondes, avec comme thèmes principaux le monde qui nous entoure et les craintes générées par l’évolution de nos sociétés. Son œuvre engagée, profondément féministe, accorde une grande importance à ses qualités performatives, se déclinant sous forme de moodboards, de symposiums, de groupes de paroles, de films et d’installations. 

Vue de l’exposition ‘Elle Chabal’, 2025, Marielle Chabal, Galerie Alberta Pane, Paris. Courtesy  Marielle Chabal et Galerie Alberta Pane. Photo : Mami Kiyoshi

Elle Chabal propose de se plonger dans un univers ambivalent, où les designs originaux des sculptures attirent le regard et émerveillent, tout en matérialisant les travers de notre société. L’artiste s’attaque, en effet, à la construction sociale de la féminité. Il s’agit pour elle d’exposer toute la souffrance qui y est associée, conséquence de l’impact du regard patriarcal sur les identités féminines. L’écho à l’injonction “il faut souffrir pour être belle” a dirigé les choix de dimensions et de formes. La sélection de près de quarante paires de chaussures et quelques sacs et accessoires en céramique comprend un grand nombre de talons et de plateformes. Le grès laisse peu de place au rêve, il est bien sûr impossible de les porter, mais rien que leur taille peut être évocatrice de douleur et d’inconfort.

Marielle Chabal, Judy, 2025, céramique, chaînes, dimensions variables, unique. Courtesy Marielle Chabal and Galerie Alberta Pane. Photo : Mami Kiyoshi

Marielle Chabal s’est assurée de représenter une variété de styles, adaptée à de nombreuses sensibilités, avec une inclusion marquée de nombreux ornements, dont des piques et des chaînes. Ses pièces les plus chargées avec de tels éléments paraissent dangereuses en apparence. D’autres rappellent des matières plus lourdes que la céramique, grâce à des teintes avoisinant celles de métaux rouillés. L’inclusion de fourrure sur une partie des productions permet de renvoyer à des esthétiques queer, réaffirmant l’importance accordée aux problématiques identitaires.

Vue de l’exposition ‘Elle Chabal’, 2025, Marielle Chabal, Galerie Alberta Pane, Paris. Courtesy Marielle Chabal et Galerie Alberta Pane. Photo : Mami Kiyoshi

L’exposition formule également une critique de nos modes de consommation dans un système capitaliste. L’emprunt des codes de la boutique de mode, du nom de l’exposition jusqu’à l’agencement des œuvres sur des socles et étagères, renvoie à ceux-ci. Marielle Chabal rappelle que ces espaces sont propices à la démesure, tout en plaçant sa pratique personnelle à l’opposé d’une logique de production rapide et jetable. L’artiste défend, en effet, un  savoir-faire basé sur la patience et le geste. Elle mobilise des matériaux durables, avec pour inspiration la cordonnerie et la maroquinerie de luxe. Elle Chabal, ainsi, fait parler les œuvres et l’espace avec ses installations in-situ pour explorer à la fois les injonctions à la féminité et les dérives consuméristes.

En aucun cas un cashgrap,  ce corpus de pièces uniques constitue une étape importante dans le processus créatif de son auteure, qui l’inscrit dans un projet d’envergure encore en cours de production, son film QUEENS. 

Vue de l’exposition ‘Elle Chabal’, 2025, Marielle Chabal, Galerie Alberta Pane, Paris. Courtesy Marielle Chabal et Galerie Alberta Pane. Photo : Mami Kiyoshi
Vue de l’exposition ‘Elle Chabal’, 2025, Marielle Chabal, Galerie Alberta Pane, Paris. Courtesy Marielle Chabal et Galerie Alberta Pane. Photo : Mami Kiyoshi

 

Légende de l’image mise en avant : Marielle Chabal, Les lionnes, 2025, céramique, chaînes, bijoux, dimensions variables, pièce unique. Courtesy Marielle Chabal et Galerie Alberta Pane. Photo: Marielle Chabal

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