Lee Miller. Saint – Malo assiégée, Aout 1944 : le catalogue d’exposition

La couverture présente une femme souriante, habillée en soldat et entourée d’une foule d’enfants curieux par cette femme hors norme. Cette Américaine sur le territoire français occupé des Allemands nazis, a délaissé le tablier de cuisine de la femme en arrière-plan, pour adopter le casque militaire et s’armer d’un appareil Rolleifleix.

Cette photo saisissante introduit le lecteur au reportage historique et visuel inédit de Lee Miller, seule photo-reporter à couvrir les violents combats qui conduiront à la libération de Saint-Malo. Les textes et photos, partiellement interdits de publication dans Vogue à l’époque, nous invite aujourd’hui à une plongée dans les pensées et les images sensibles de l’artiste.

Etat de siège : le calme avant la tempête

« En réunion avec un ancien chef de la Résistance, M.Leroi, Frost s’activait à attribuer des autorisations de port d’arme à des gamins du Maquis qui, en temps normal auraient dû être occupés à jouer avec des fusils factices, si tant est que les fusils soient des jouets normaux. » Lee Miller, Dimanche 13 août, p.16.

Le reportage de Lee Miller commence par la capture du quotidien des habitants et la préparation des soldats avant l’assaut, montrant des rares sourires malgré le déplacement des réfugiés. Ses descriptions sensibles et spontanées donnent un ton humaniste à son témoignage.

La place des femmes

Au cours du catalogue, se dessine aussi l’histoire de la place des femmes dans ce moment de guerre mené par des hommes.

Lee Miller saisie des situations complexes et poignantes comme celle d’une Française demandant la protection des Américains par peur d’être tondue et torturée par les Résistants français, l’interrogatoire d’une collaboratrice alors accompagnée de ses trois petites filles, ou encore la mention de la femme du colonel nazi von Aulock qui en toute discrétion de ce dernier rendait service à la population française locale. Enfin, les portraits de jeunes femmes résistantes et survivantes des camps de la mort, révèlent le rôle actif des femmes dans l’occupation et la libération de Saint-Malo, leur grande diversité de profils et les tensions de l’époque.

Le bombardement de la cité d’Alet

L’ouvrage est avant tout le récit épique et tragique du bombardement de la cité d’Alet jusqu’à la reddition des Nazis. Lee Miller finit par pénétrer dans la vieille ville dévastée et assister à l’assaut final de la citadelle d’Alet et à son bombardement au napalm.

« Je me suis abritée dans une tranchée-abri boche, accroupie sous les remparts. Mon talon s’est enfoncé dans une main sectionnée… et j’ai maudit les Allemands pour l’effroyable et sordide destruction qu’ils avaient déchainée sur cette ville autrefois magnifique. » Lee Miller, p.69

Les mots et les images puissantes de Lee Miller témoignent aussi de la destruction de la ville corsaire, mais laisse entrevoir sa future reconstruction.

« Lee Miller. Saint-Malo assiégée, Août 1944 » est bien plus qu’un simple catalogue d’exposition. C’est un document historique d’un moment crucial de l’Histoire et de la vie de l’artiste.