“Errances Éphémères” à la Galerie Samagra avec Lamiel

/// Nora Djabbari

Le papier, exigeant, nécessite conjointement délicatesse et adresse. Travailler avec ce support est une affaire de précision dictée par la sensibilité. C’est le papier que l’artiste Lamiel à choisi pour ses œuvres. Elle se sert de ce médium humble, mais oh combien puissant pour accoucher de ses vues de voyageurs orientaux, perdus dans l’immensité de fonds aux teintes chaudes. La simplicité de ces ensembles baignés d’une couleur quasi monochrome est pour l’œil une mélodie berçante. Le spectateur est appâté par le mystère émanant de cette fragilité apparente. C’est même sa contemplation qui complète l’œuvre. Il faut en effet prendre le temps de regarder, de s’émouvoir et de se perdre poétiquement pour découvrir l’œuvre de Lamiel.

Son travail est une exploration de la mémoire collective. L’artiste use de papiers texturés, jaunis par le temps, marqués par les traces d’un passé qui dialogue maintenant avec le présent pour nous offrir une odyssée dans un royaume sans roi. 

Sans nations, ni bannières, ces personnages tout petits au milieu de l’infini osent affronter le monde. Ils se préparent à parcourir un long voyage silencieux, avec pour seul compagnon les cieux et les visions divines. Car c’est sans doute Dieu qui les guide. Lamiel nous immerge dans la grandeur de paysages où l’on entend presque le souffle d’une tempête de vent, où l’on sent confusément l’intensité d’un soleil de désert brûlant. Ici ciel et sol fusionnent, nous suggérant que des enjeux déterminants se jouent. Derrière toutes ces figures, c’est le peuple qui chemine vers des horizons rêvés, fantasmés peut-être. Il avance tant que tout lui est possible avec courage vers la terre promise. Grâce à la technique du collage, Lamiel confère à ses humains en mouvement une présence chargée d’énergie. Elle fait disparaître les limites de l’espace pour créer des pages d’histoire oniriques. Seuls demeurent ces humains cheminant, symboles vivants et hors du temps, figures de résilience et d’espoir éternel. Ils nous entraînent silencieusement, juste pour un moment, loin du chaos criard des bruits du monde. Une exposition chargée de douceur et de tendresse.