Impression, soleil levant (1872) – œuvre phare du peintre français Claude Monet, mais également emblématique du musée Marmottan Monet situé dans le XVIe arrondissement – célèbre son cent cinquième anniversaire cette année. Afin de témoigner l’importance de ce tableau, initiateur du terme « impressionnisme » qui qualifiera le mouvement, le musée a souhaité créer une exposition dont le sujet principal d’Impression, soleil levant serait le centre. Comment Monet percevait-il le soleil, la réponse émane de son tableau. Mais sa perception était-elle véritablement différente de ses collègues – qu’ils soient ses prédécesseurs, ses contemporains ou postérieurs à lui – ou partageait-il la même vision qu’eux ? Comment cet astre a-t-il été représenté au fur et à mesure du temps dans la peinture ? L’exposition répond à nos questionnements du 21 septembre 2022 au 29 janvier 2023.
/// Lolita Fragneau
L’événement se veut principalement chronologique, illustrant les représentations du soleil depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine. Toutefois, dès la première salle, on retrouve l’œuvre Le soleil inonde ma toile (1966) de Gérard Fromager qui se fond dans la scénographie de l’exposition, presque à l’instar d’un logo, et dont l’autre tableau Impression, soleil levant 2019 vient faire écho à la fin du parcours. L’exposition débute notamment avec la figure du dieu grec Apollon – figure solaire par excellence – et les vases matérialisant le dieu Hélios – personnification du soleil dans la mythologie grecque, puis se poursuit par la présentation de cartes de tarots, avant de donner à voir des feuillets de la Biblia Sacra mettant en avant la création du soleil. La salle laissant place à la Renaissance rend compte d’un soleil déjà autre : il devient création de Dieu et perd alors de son importance.
Lorsque des nouvelles découvertes scientifiques voient le jour, comme la découverte de l’héliocentrisme par Copernic, les représentations du soleil changent par rapport aux précédentes. Parallèlement, les artistes veulent dépeindre le monde tel qu’il est vraiment, sans artifice, et vont mettre en avant le soleil au sein de leur peinture de paysages, genre mineur qui reprend de la valeur au XVIIe siècle.
A partir du XIXe siècle, astronomes et artistes se mélangent pour tenter d’imager au mieux la véritable nature de cet astre, si loin de nous, si insaisissable, et pourtant de plus en plus précis. Les chefs-d’œuvre se succèdent les uns aux autres : de William Turner à Claude Monet, de André Derain à Camille Pissarro, de Paul Signac à Gustave Courbet, les yeux des visiteurs n’ont pas le temps de se reposer tant il y a de tableaux ensoleillés. Chez les romantiques, le soleil est ce « passeur » de l’état d’âme, que ce soit du personnage ou de l’artiste, alors que les naturalistes s’attachent davantage transmettre un soleil discret et pondéré. C’est tout le contraire chez les symbolistes : le soleil inonde de mille feux et s’impose dans l’œuvre, comme dans Le Soleil (1910–1913) du peintre norvégien Edvard Munch (visible sur l’affiche de l’exposition).
Puis, en 1915, grâce aux travaux d’Albert Einstein sur la relativité générale, le monde comprend que le soleil n’est qu’une étoile parmi tant d’autres. Les œuvres de l’artiste catalan Joan Miró mais aussi de Gérard Fromager illustre bien le changement dans la fascination du motif solaire : l’immensité de l’univers, la pluralité d’astres qui existe et finalement notre peu de connaissance là-dessus renvoient les artistes à un imaginaire dont les frontières sont infinies.
Musée Marmottan Monet
- Adresse : 2 rue Louis Boilly
- Code postal : 75016
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 44 96 50 33
- Site Internet : www.marmottan.com