François Boucher, du théâtre à l’opéra

François Boucher, du théâtre à l’opéra

Le musée des Beaux-arts de Tours a récemment entrepris la restauration de quatre chef-d ’œuvres de François Boucher, qu’on peut ordinairement admirer dans la collection permanente du musée et qui sont réinvestis à travers une nouvelle exposition temporaire : L’Amour en scène ! François Boucher, du théâtre à l’Opéra. Du 5 novembre 2022 au 30 janvier 2023, les quatre tableaux apparaissent comme vous ne les avez encore jamais vus, plus éclatant que jamais, au sein d’un évènement se centrant sur un pan méconnu du peintre : sa passion pour le théâtre et l’opéra.

/// Lolita Fragneau

François Boucher (1703-1770) est certainement, comme l’indique si bien Guillaume Kazerouni – commissaire de l’exposition et conservateur au musée des Beaux-arts de Rennes – le « Rubens de la France ». Peintre incontournable du XVIIIe siècle, il est principalement célèbre pour ses peintures mythologiques ou ses pastorales, mais fût également très actif pour l’Opéra de Paris et le théâtre de Cour, pour qui il créa ou supervisa les décors. Ces fameux décors à l’univers merveilleux et féérique étant aujourd’hui tous disparus, ses travaux sont leur seul témoignage.

François Boucher, Apollon couronnant les Arts, 1763-1766, Huile sur toile, 64,5 x 82 cm, Tours, musée des Beaux-arts © Dominique Couineau

L’exposition débute avec les deux portraits des acteurs principaux de cette thématique : François Boucher, le passionné de théâtre, aux côtés de sa mécène Madame de Pompadour, qui fût à nombreuses reprises tête d’affiche de ballets tel que l’opéra Issé. L’artiste suédois Alexandre Roslin parvient à capter l’essence même de Boucher dans ce portrait, en représentant si sensiblement ce pétillement dans le regard qui était caractéristique du libertin.  Guillaume Kazerouni l’affirme haut et fort : « c’est Boucher qui fait Madame de Pompadour ». Cette femme, favorite de Louis XV, est restée aussi longtemps au sommet de la noblesse grâce à sa malignité, mais aussi grâce aux splendides peintures de François Boucher. Dans la même pièce, une cartographie des salles de spectacle à l’époque de Boucher vient immerger le visiteur dans ce décor et faire découvrir les lieux fétiches du « peintre d’usine ».

La seconde salle présente les rares vestiges qu’il reste de sa production – pour la plupart des documents de travail qui n’étaient pas destinés à être gardés, comme des maquettes de costumes. Ces croquis sont symptomatiques des costumes d’une époque entière, et permet de mieux comprendre à quoi ressemblait le théâtre d’autrefois. Les femmes étaient alors vêtues de robes longues à la française, pas bien adaptées à la danse ou au chant sur scène, et les esquisses permettent de se rendre compte de l’évolution des costumes au fil du temps. Néanmoins, les peintures de Boucher ne témoignent pas toujours très fidèlement de ce qu’était vraiment l’opéra, puisqu’il est très peu probable que Madame de Pompadour se soit présentée dévêtue sur scène comme le montre Apollon révélant sa dignité à la bergère Issé (1750). Cela n’a pas empêché ces tableaux de devenir iconique et d’inspirer Berthe Morisot plus d’un siècle plus tard dans sa réalisation d’une copie partielle du chef-d’œuvre de Boucher.

Berthe Morisot, Apollon révélant sa divinité́ à la bergère Issé, d’après François Boucher, 1892, Huile sur toile, 63,8 x 79,4 cm, Paris, musée Marmottan Monet, © musée Marmottan Monet, Paris / Christian Baraja SLB

La salle suivante rassemble les quatre œuvres restaurées représentant l’opéra Silvie, avec Madame de Pompadour dans le rôle de la nymphe éponyme. Cette série est réunie pour la première fois depuis la fin du XVIIIe siècle. La dernière section invite à découvrir quelques artistes contemporains français et internationaux qui conservent à travers leur travail le souvenir de l’art de Boucher, la prestance de Madame de Pompadour, ou plus largement l’esthétique rococo. Jérôme Kaplan a ainsi confectionné Costume pour le rôle de la Pompadour dans « Feu le music-hall » en 2004, une robe imprimée du portrait de Madame de Pompadour. L’artiste coréen Bae Joon-Sung photographie une femme nue dans la même posture que la toile Sylvie fuyant le loup qu’elle a blessé (1756), rendant un hommage moderne au peintre qui a incarné son siècle. Presque trois siècles plus tard, la passion de Boucher pour les arts de la scène continue plus que jamais d’inspirer les artistes contemporains.

Jérôme Kaplan, Costume pour le rôle de la Pompadour dans « Feu le music hall », 2004, Robe à paniers en satin bleu et lamé or. Corsage et dessus de robe imprimés du portrait de Madame de Pompadour. 158 x 115 x 40 cm, Collection Centre national du costume de scène

Musée des Beaux-Arts de Tours

icon-car.pngFullscreen-Logo
Musée des Beaux-Arts de Tours

chargement de la carte - veuillez patienter...

Musée des Beaux-Arts de Tours 47.394400, 0.693290