George Condo au Musée d’Art Moderne de Paris 

 

Depuis le 10 octobre, ce jusqu’au 8 février 2026, Le Musée d’Art Moderne de Paris accueille l’exposition la plus importante en date sur George Condo. Le parcours permet d’entrer dans l’univers singulier de l’artiste, nourri par une culture visuelle prolifique qui parcourt l’histoire de l’art occidentale des maîtres anciens à aujourd’hui.

///Melian Pussey

Ce sont plus de quatre décennies de carrière que l’exposition cherche à retracer au travers d’une large sélection d’œuvres. Le corpus exposé est conséquent, comprenant quatre-vingt peintures, cent dix dessins et une vingtaine de sculptures. Ce rassemblement inclut les travaux les plus emblématiques de George Condo (né en 1957), dont la plupart proviennent d’institutions américaines et européennes majeures comme le MoMA et la Olbricht Collection. 

Le projet, organisé en dialogue avec l’artiste, est pensé comme le dernier chapitre d’une trilogie new-yorkaise. Le peintre-dessinateur, en effet, a partagé une véritable amitié artistique avec les créateurs Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Keith Haring (1958-1990). Ceux-ci ont fait l’objet de rétrospectives au Musée d’Art Moderne de Paris en 2010 et en 2013. Cette exposition permet de conclure l’exploration de l’émergence d’une nouvelle génération de peintres lors des années 1980, génération dont George Condo est l’un des derniers survivants. 

 

Bien que le contenu de l’exposition s’apparente à une rétrospective, la répartition des œuvres ne suit pas un ordre chronologique, favorisant à la place la mise en avant de cycles et de thématiques récurrentes. Il faut également noter que l’auteur a lui-même contribué à l’agencement de certaines de ses productions, notamment dans la partie consacrée à ses dessins, formant un véritable cabinet d’art graphique. 

La pratique riche et diverse de George Condo est abordée selon trois volets principaux : le rapport à l’histoire de l’art, le traitement de la figure humaine et le lien à l’abstraction. Le cabinet de dessin sert d’espace intermédiaire entre les deux premiers volets, permettant au spectateur de constater l’importance de cette technique dans la pratique du peintre. 

 

Le premier volet montre le rapport de George Condo avec des figures importantes dans l’histoire de l’art,  telles que Rembrandt, Goya, Rodin et Picasso. Il s’approprie les maîtres du passé pour les intégrer à son propre imaginaire, caractérisé par des figures criantes et inquiétantes. L’approfondissement de son rapport avec le passé se poursuit dans les deux sections suivantes. l’une traitant du concept qu’il a inventé, Le réalisme artificiel, et l’autre présentant deux séries : Collages (1986) et Combination Paintings (1990-1993). 

Le second volet, dédié à la représentation humaine, présente trois sections regroupant plusieurs types de portraits, à commencer la par la série de portraits individuels datant des années 2000. L’ensemble qui suit provient des Drawings paintings (2009-2012), proposant des groupes. Cette zone thématique se termine sur les duos peints de sa série Double portraits (2014-2015).  Le “cubisme psychologique” est la notion centrale de cet espace, abordant  la dualité humaine et le travail de juxtaposition d’un large panel d’émotions en un seul et même portrait.

Le troisième et dernier volet porte sur le rapport de George Condo à l’abstraction, de ses débuts à ses réalisations les plus récentes datant de 2023-2024. L’espace réunit des travaux de son cycle Expanding Canvases (1985-1986) et plusieurs monochromes produits entre 1990 et 2021. Les Black Paintings font l’objet d’une salle immersive dédiée. Le bilan de l’abstraction dans l’art de George Condo se conclut par la série des Diagonal (2023-2024), révélant sa capacité  à renouveler et redéfinir son propre langage pictural. 

 

Notes : 

Légende de l’image mise en avant : George Condo, The Portable Artist, 1995, Collection particulière. Photo : Collection particulière
© ADAGP, Paris, 2025