La Galerie Bertrand Grimont remet à l’honneur le travail de son artiste virtuose Gregory Derenne avec l’exposition de sa série « Natures mortes ». Loin de se contenter de la prouesse technique, l’artiste apporte un ensemble de variations de textures exceptionnelles à ses toiles à l’huile, révélant un style personnel et maîtrisé. À découvrir jusqu’au 2 décembre 2023.
/// Nora Djabbari
Lorsqu’on lui demande la place qu’occupe l’accident sur son travail, il répond, mi taquin, mi sincère : “aucune”. Il ne faut voir nul snobisme ou égocentrisme derrière cette démarche qui n’a au fond qu’un but : la représentation apaisée – certains la qualifieront de froide – d’un environnement et des jeux de matières qui la composent. La série “Natures mortes” témoigne d’un tournant dans le travail de l’artiste qui use dorénavant de l’observation pure en guise d’inspiration et non plus de la photographie.
Gregory Derenne a l’obsession du détail, la rage de représenter avec minutie, la soif de réalisme. Son pinceau, lui, a la force d’une énergie contenue. Sa série gracieuse “Natures mortes”, actuellement présentée à la Galerie Bertrand Grimont, figure des objets peints à l’intérieur d’une boîte noire. Ce choix artistique permet à l’artiste de faire naviguer son regard entre différentes dimensions, différentes textures et points de vue, ce qui a inéluctablement des incidences sur son traitement de la lumière, de la représentation de la matière. Gregory Derenne quitte la surface plane, s’en libère pour créer de la complexité et ainsi interpréter avec une subjectivité qui lui est propre ce que lui disent ses yeux.
On retrouve dans cette série son goût pour le noir profond, qui apparaît tantôt mate ou brillant et qu’il utilise dans certaines toiles pour créer du ton sur ton. Travailler sur fond noir requiert une dextérité importante et Derenne relève ce défi avec brio, nous laissant apercevoir ici les reflets d’un verre, ou là bas la lumière métallique d’une clé. Il utilise avec finesse les ombres et le clair obscur. Son entreprise ressemble à celle d’un sculpteur qui viendrait tailler la pierre pour l’affiner, la magnifier et lui donner une apparence sans cesse modifiée par l’ardeur d’une précision venant remodeler l’imperfection.
