Isabelle Malmezat : suggérer la forme   

 

 

/// Emma Boutier

 

 

Dans des compositions proches de l’abstraction lyrique, des silhouettes émergent en dialogue avec la matière. En négatif ou par accumulation, ces formes fantomatiques apparaissent par opposition plastique. Elles figurent un état entre la présence et l’absence, laissant au spectateur embarrassé le soin de déterminer s’il fait face à une apparition ou à une disparition. 

Ces formes sont des allégories de l’instantané, qui peuplent les environs suggérés par des aplats de couleurs lavées : le bleu du ciel, le gris des nuages, le marron de la roche suffisent à ce que nous puissions recomposer le paysage.

 

 

 

 

Parfois, le corps semble formé à partir de l’amas des pigments de la palette, comme le résultat hasardeux du mouvement libre de la peinture sur la toile. Des touches de couleurs pures et vives nous tirent de la rêverie déclenchée par l’atmosphère brumeuse de l’ensemble, trahissant la matérialité de l’oeuvre.

 

 

 

Jouant des rapports chromatiques entre les tableaux, l’accrochage narre le vagabondage des silhouettes, qui s’incarnent et se dissolvent d’une peinture à l’autre. Composée à partir de la confrontation de langages picturaux inversés, la scénographie nous invite à penser la relation entre plein et vide, noir et blanc, irruption et fuite.

 

 

 

En regard des oeuvres d’Isabelle Malmezat, les sculptures de Sophie Favre actualisent les corps qui y sont suggérés. Elles matérialisant nos impressions face aux tableaux tout en les troublant : alors que les peintures semblaient évoquer des corps humains, voilà que des rongeurs humanoïdes apparaissent sous nos yeux. De quoi compléter l’incertitude ambiante.