La galerie Lélia Mordoch présente du 16 mars au 12 mai 2018 à Paris, l’exposition Rêve général, qui regroupe une collection d’œuvres de l’artiste James Chedburn.
« J’aime que l’on puisse actionner mes œuvres car cela crée un contact entre l’objet et le public. Les gens hésitent souvent parce qu’ils ont peur que cela casse, surtout si c’est leur enfant qui les manipule. Pourtant, les enfants s’y prennent toujours doucement, ils tournent lentement, ils regardent… À chaque fois qu’une pièce est abîmée, c’est par un adulte, c’est curieux, non ? » – James Chedburn
Gare à vous si vous abîmez une de ses œuvres ! Dans sa nouvelle exposition, Rêve Général, James Chedburn ouvre les portes d’un monde onirique, composé de machines volantes et de rouages à la Hayao Miyasaki, laissant place aux rêves et aux songes. Sculptures aux apparences fantastiques et mécanismes rappelant l’univers de Jules Vernes invitent à oublier, pendant un instant, l’époque à laquelle nous appartenons. Transportés dans une utopie, nous voici plongés dans nos rêves d’enfant où voyages et imaginaire se mélangent avec douceur.
Dés le premier regard, une sensation d’infini nous enivre par l’union spectaculaire des détails. Avec la précision d’un horloger, l’artiste a assemblé boulons et matériaux réutilisés, une minutie qui se retrouve jusqu’à la roue d’un bateau faite d’une boîte de réglisse Florent. Un travail mélangeant arts et sciences, rappelant celui de l’ingénieur et les schémas du grand Leonard De Vinci. Par la tridimensionnalité de l’œuvre, nous sommes invités à plonger dans différents micro-cosmos et à voyager aussi bien dans les airs que sur la mer.
Entre Nouveau Réalisme et Arte Povera, l’artiste, dans son travail de récupération, offre un nouveau sens et une seconde vie aux objets oubliés. Dans une ère obsédée par la rapidité et la technologie, James Chedburn donne l’opportunité de défier le temps en s’accordant un instant de trêve et de rêve.
Une nostalgie émerge ; face à notre société consumériste, nous nous évadons dans un temps plus simple, où les objets crées par la main de l’Homme n’étaient pas délaissés en faveur des écrans. Nous retrouvons le train avec lequel nous avons joué autour de l’arbre de Noël : il a été récupéré et décontextualisé pour devenir une œuvre d’art. Notre esprit se rempli de mélancolie, les réminiscences d’un moment familier et réconfortant apparaissent.
La dimension ludique du travail de James Chedburn permet à l’observateur passif d’intervenir dans le processus artistique. Comme pour rembobiner notre passé, nous actionnons le mécanisme de l’œuvre qui prend vie.
Rêve Général, un titre qui prend sens puisque le rêve prend le dessus sur la réalité. Le regard adulte se laisse emporter dans ce monde fantastique où le temps semble arrêté et en ressort changé pendant un instant, ayant retrouvé son âme d’enfant.
Texte : Angèle Imbert
Crédit Visuel : James Chedburn, Circus, 2010, 54x46x46cm, Laiton, cuivre, objets anciens divers, bois