Katarzyna Wiesiolek et ses nymphéas modernes à la Galerie Eric Dupont

Profondément mélancoliques et photographiques, les dessins de Katarzyna Wiesiolek envahissent la Galerie Eric Dupont, dorénavant plongée dans une atmosphère de doux mystère. Avec sa technique de pigments et de pastel séchés sur papier, l’artiste combine la précision qu’on retrouverait dans des instantanés pris au polaroid avec toute une esthétique surannée héritée des impressionnistes qui avaient pour ambition de retranscrire leurs émotions au pinceau. Pour cette série, dont une partie a récemment été présentée à Art Paris, Katarzyna Wiesiolek puise dans les Nymphéas de Monet. Initiées après le confinement qui a constitué une période d’arrêt au niveau mondial, ces œuvres ont été nourries par la contemplation.

L’esprit gorgé par les visions du jardin de Monet à Giverny qu’elle a personnellement arpenté, Katarzyna Wiesiolek produit avec son propre langage son interprétation du mariage entre eau et lumière. Elle explore ici les variations de couleurs, ce qui constitue une nouveauté dans son travail qui accordait jusque là une grande importance au noir et blanc. Capturant l’eau qui ondule au rythme de l’intensité changeante des rayons solaires, ses représentations s’illustrent autant dans le détail que dans l’idée générale. La moindre parcelle fait l’objet d’un traitement attentif. On aperçoit autant les reflets sombres des feuilles poussées par le vent que les ombres des saules pleureurs environnants. Les nénuphars tachetés de gris, de vert ou de blancs semblent flotter sur une surface perpétuellement en mouvement.

Katarzyna Wiesiolek opère une synthèse entre hyperréalisme et impressionnisme en ce qu’elle conjugue son talent technique à son amour pour la narration visuelle. En voyant ses paysages, on est saisis par leur apparence immuable, comme si chaque élément composant ses toiles était voué à échapper aux limites de l’espace du temps pour atteindre un horizon infranchissable aux communs des mortels. Si Monet peignait de contours estompés la fusion harmonieuse des éléments, Wiesiolek isole d’un œil microscopique et analytique chaque composante de ses dessins pour mieux évoquer l’écho des états intérieurs.

Visuel de couverture : Katarzyna Wiesiolek, « Echo 7« , © Katarzyna Wiesiolek Courtesy de la Galerie Eric Dupont