Dans le noir de la nuit, ils avaient carte blanche. À travers sa nouvelle exposition, la Galerie XII a invité 7 artistes à jouer des lumières, du cadrage et de la réalité pour produire des clichés explorant le médium photographique. En utilisant plusieurs supports et techniques, les artistes présentés nous questionnent sur l’enjeu de la pratique, mais aussi sur les possibilités permises par elle, ce que de plus en plus d’artistes tentent de faire à l’international. Les œuvres exposées nous montrent que la photographie va bien au-delà de sa fonction utilitaire et qu’elle est un moyen éloquent pour explorer nos mondes intérieurs et extérieurs. Ici, l’image est le résultat d’un cheminement poétique. Il ne s’agit pas de voir mais plutôt de percevoir. L’acte de photographier n’a plus pour objectif de représenter au stricto sensu le réel, le documenter mais bien d’aller au delà, par l’interprétation, la mise en scène et une volonté poétique. Les artistes jouent avec les illusions d’optique, certains se plongent dans l’intimité de la vie quotidienne pour révéler des vérités cachées, des doux fragments de rêveries.
Sabatina Leccia étudie la matérialité de la photographie en effectuant des tirages sur papier mat où figurent des lieux de son enfance passée en Corse. L’artiste enchante ensuite ses vues en les colorant grâce à un logiciel et en brodant sur ses supports. “Ces paysages de mon enfance m’ont toujours amenées vers une forme de rêverie que j’essaye de retranscrire. Je médite le paysage et j’ai l’impression de ressentir énergie et vibrations que j’ai envie de démontrer à travers rêverie. Le papier de mes tirages me rappelle le papier que j’utilise dans mes dessins” explique t-elle.
Même démarche chez Charlotte Mano, dans sa série “Mythologies” se constituant de photographies prises à la lumière de la pleine lune. Son but ? Pousser la sensibilité de nos yeux et de la lumière pour capturer quelque chose relevant de l’irréel. La photographie, alors détournée de son but originel, devient un médium de “déréalisation” émanant d’une énergie calme et mystérieuse. Cette approche charnelle, presque sensuelle, permet à l’artiste de réinvestir des lieux chargés de fantasmes avec le même regard qu’un enfant.
Ces vibrations poétiques, on les sent aussi chez Anne Pharell qui cueille le mystère en saisissant la beauté de l’imprévu et la force du mouvement. Tandis qu’Andrei Fărcășanu déploie des petits formats que la chimie travaille et semble sublimer de façon ésotérique, Didier Juteau unifie la matière au support, nous dépossédant de nos certitudes visuelles. Alexandre Aldavert, lui, vient compléter ses photographies de textes poétiques, formant ainsi des récits que le visiteur s’amusera à méditer. Enfin, Fabien Ducrot nous plonge dans un univers unique, à la frontière entre le 16ème siècle et nos jours, grâce à ses tirages salés faisant appel aux IA génératives.
Toutes ces œuvres se jouent des textures. Dans ce parcours, le pouvoir du temps dicte toujours ses fiers motifs sur des clichés qui deviennent le résultat d’un processus. La démarche ne consiste plus à capturer un moment éphémère d’un simple soubresaut de doigt. La Galerie XII nous montre un dialogue faisant de la photographie un art vivant, dynamique, sublimement organique.
Galerie XII Paris
- Adresse : 14 rue des Jardins Saint-Paul
- Code postal : 75004
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 42 78 24 21
- Site Internet : https://www.galeriexii.com/fr/