La licorne, l’étoile et la lune au Musée de la Chasse et de la Nature 

 La licorne, l’étoile et la lune au Musée de la Chasse et de la Nature 

Du 14 octobre 2025 au 8 mars 2026, le Musée de la Chasse et de la Nature invite Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize pour investir leurs salles des œuvres du duo. Ces artistes utilisent leurs productions graphiques et artisanales pour proposer une narration visuelle en interaction avec les collections du musée. Elles interrogent notre lien avec les autres espèces. L’intitulé “La licorne, l’étoile et la lune” évoque un univers fantastique, en accord avec la représentation d’êtres associés aux imaginaires des contes et des fables. 

///Melian Pussey

 

Cette exposition s’inscrit dans la mission principale de l’établissement. Le Musée de la Chasse et de la Nature a pour vocation d’explorer, grâce à son vaste fond, le rapport de l’homme à l’animal à travers les âges, de l’Antiquité à nos jours. En adéquation avec la volonté des fondateurs du musée, François (1904-1973) et Jacqueline (1913-1993) Sommer, d’intégrer la création contemporaine, les artistes investis dans une pratique cohérente avec le projet décrit sont parfois invités le temps d’une exposition. 

 

Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize (nés en 1978 et 1980) sont des visiteurs de longue date de l’établissement. La résonance de leurs travaux avec les objectifs du musée a valu leur inclusion d’être considérée comme une évidence absolue par l’équipe. Les deux créateurs collaborent depuis 2006, associant le dessin et la céramique pour créer un dialogue entre les techniques et les époques.

1. Les artistes dans leur atelier, préparant l’exposition © Photo : L. Al -Gubory

Leur démarche artistique les place en héritiers du Art and Crafts (mouvement anglais du dix-neuvième siècle) et de “L’Art dans Tout” (début du vingtième siècle), deux mouvances ayant favorisé les arts décoratifs, tout en défendant l’abolition de la hiérarchie entre les beaux-arts et l’artisanat. 

 

2. Scénographie de l’exposition La licorne, lʼétoile et la lune © Musée de la Chasse et de la Nature

 L’esprit de ces tendances artistiques se retrouve dans La licorne, l’étoile et la lune. Le parcours débute par un espace immersif (photographie mise en avant et image 2), intégralement conceptualisé et agencé par les partenaires. La salle contient des lithographies, des peintures sur papier marouflé et des installations variées en bois et en céramique. Cet ensemble est à mi-chemin entre le paysage et le foyer domestique.

3. © Lamarche-Ovize, ADAGP, Paris 2025 / Photo: M. Domage

L’estampe ci-dessus (image 3) exemplifie la façon qu’ont les artistes de penser leurs séries graphiques. Cette dernière appartient à un groupe de quatre feuilles partageant des motifs communs, ce qui permet d’assurer leur unité. Toutefois, chaque élément est pensé de telle manière à ce qu’ils puissent être appréciés individuellement. Ce qu’il faut également noter, c’est que de tels travaux mobilisent souvent des techniques mixtes. L’œuvre actuellement discutée est une lithographie incluant des motifs obtenus via la gravure sur bois (les motifs en question sont les ombres d’arbres grises) . Ce choix contribue à varier les effets visuels dans une production où la biodiversité est mise à l’honneur. 

4. © Lamarche-Ovize, ADAGP, Paris 2025 / Photo: M. Domage

Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize ont fabriqué du mobilier pour l’occasion. La table basse – tabouret aux trois pieds différents est un meuble usuel et esthétique, dont l’assemblage évoque l’hybridité. 

 

5. Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize, Décalcomanies © Lamarche-Ovize, ADAGP, Paris 2025

Toutes ces installations s’alignent avec l’objectif des artistes de tisser des récits qui interrogent notre lien aux autres espèces et la redéfinition de nos relations avec elles. Ces problématiques sont formulées au moyen de références variées, notamment au texte médiéval de de Richard de Fournival, Le Bestiaire d’amour (v. 1245) et à Les Grenouilles d’Aristophane (405 av. J.-C). L’apparition des nombreuses grenouilles est à mettre en lien avec ce second ouvrage. Le duo multiplie également les clins d’œil aux objets de la collection permanente, proposant un véritable hommage au musée dans lequel ils ont si souvent déambulé.

 

L’exposition se poursuit dans les autres salles de l’institution muséale. L’insertion dans ces espaces de plusieurs réalisations du couple génère un dialogue avec les collections permanentes. Par exemple, pour répondre à un univers très masculin dans les iconographies, Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize ont décidé de consacrer certaines éléments au type de la sorcière. Il s’agit de la seule figure humaine régulièrement présente dans la sélection. La nudité de ce personnage principal de l’antichambre (premier étage du musée) se veut être un écho à celle de la déesse de la chasse ( renvoi au mythe de Diane et d’Actéon). 

6. Scénographie de l’exposition La licorne, lʼétoile et la lune © Musée de la Chasse et de la Nature
7. Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize, Célestine, plat, faïence engobée et emmaillé, 30x30x25cm © Lamarche – Ovize, ADAGP, Paris 2025

 

Le parcours donne la possibilité de croiser des œuvres plus anciennes des deux artistes. La plupart est issue de partenariats avec des manufactures et marques, occasions ayant permis au tandem de toucher à des domaines hors de leur expertise, comme la broderie et la tapisserie. Ils ont également travaillé avec la manufacture de Sèvres pour quelques objets en céramique. 

 

8. Scénographie de l’exposition La licorne, lʼétoile et la lune © Musée de la Chasse et de la Nature

 

 

 

Musée de la Chasse et de la Nature