Le Lavoir Numérique, un lieu dédié au son et à l’image

 

La jolie rue Marquigny à Gentilly dévoile la façade historique du Lavoir Numérique, lieu de diffusion et de création artistique, qui avait autrefois une toute autre fonction. Du nom originel « Lavoir-Bains-Douches municipal », cet ancien équipement de la ville de Gentilly, ouvert en 1924 renaît sous une forme nouvelle : un établissement culturel et artistique dédié à la création audiovisuelle. Si nous pouvons aujourd’hui découvrir ce lieu unique, c’est grâce à la politique de la ville de Gentilly et ses habitants, qui depuis plusieurs générations, luttent pour réhabiliter ce Lavoir et éviter ainsi sa destruction.

 

/// Eléonore Blanc

Le Lavoir Numérique, symbole d’une histoire sociale

 

En 1924, Gentilly fait construire des bains-douches publics dans le mouvement hygiéniste et de réorganisation des villes, en particulier dans les villes ouvrières dans lesquelles de nombreux bains publics étaient construits. Progressivement, ces établissements publics se confrontent au développement des salles de bains privatives.

 

Ces lieux sont chargés d’histoires comme nous les conte Robert Doisneau dans le film Robert Doisneau, sans les photos de Bernard Bloch projeté dans la salle de projection du Lavoir Numérique. Leurs sorts sont pourtant scellés. Le Lavoir-Bains-Douches municipal de Gentilly est fermé à la fin des années 1950. Il connaîtra plusieurs dizaines d’années d’abandon avant la volonté de la part de la politique de la ville de le réhabiliter à la fin des années 90.

 

 

Symbole d’une histoire sociale locale, la façade principale est conservée dans son état d’origine préservant ainsi la mémoire de ce lieu. Elle est cependant agrémentée d’une façade en Led, rappelant sa nouvelle identité. Nous pouvons observer son double escalier typique de l’architecture des années 20. À l’intérieur, nous sommes surpris par la lumière naturelle traversant cet espace, et atteignant le hall d’entrée.

 

L’aboutissement de la réhabilitation

 

C’est au début des années 2000 que le projet de réhabilitation débute. Son inscription comme un lieu culturel prend tout son sens avec les missions de l’actuel « Lavoir ». La nouvelle identité du lieu est celle de l’audiovisuel. Consacré à l’image fixe, en mouvement et au son numérique, le Lavoir Numérique est tournée vers l’audiovisuel contemporain. La réhabilitation – finalisée en juillet 2020 – de cet établissement a également été pensé pour une double fonction : la diffusion et l’apprentissage.

 

Le lieu est constitué d’un immense espace d’exposition, d’un auditorium au sous-sol et de deux étages réunissant des studios dédiés à la pratique artistique d’un large éventail : la photographie, la musique, design et l’ingénierie sonores…

 

Des ateliers sont également proposés aux jeunes afin de les sensibiliser à l’art mais aussi pour « enseigner les bonnes pratiques de l’audiovisuel numérique ». Au Lavoir Numérique, les visiteurs sont conviés à comprendre les avantages et limites propres de l’audiovisuel.

 

Le dessein de Michael Houlette, directeur du Lavoir Numérique et de la Maison Doisneau, est de dépasser l’idée d’une pratique artistique élitiste. Une des actions du Lavoir Numérique est ainsi d’inciter les visiteurs à s’autoformer dans une pratique créative.

 

Cette année, Le Lavoir Numérique organise sa première édition d’un programme de résidences d’artistes. L’établissement recevra trois créateurs issus d’un domaine spécifique : image fixe, image en mouvement et son. Cette résidence d’artistes au sein du Lavoir Numérique offre un moyen d’émulation des formes et esthétiques artistiques.

 

Une vaste programmation d’expositions

 

Au Lavoir Numérique, la programmation est organisée tous les trimestres grâce à des « Séquences », comme des chapitres de roman, consacrées à un thème intéressant la sphère numérique. La Séquence du trimestre propose ainsi une exposition, un programme cinéma et un ensemble de débats publics interrogeant concerts, spectacles ou performances.

 

Pour l’ouverture du Lavoir Numérique en Juillet 2021, l’établissement présente l’exposition « Ecrans partagés. La photographie après 31 ans de web ». Les œuvres exposées interrogent toute la photographie, médium technologique crée il y a presque 200 ans. Les artistes inivités de Diaph 8 – collectif d’artistes de la photographie issue de la formation Photographie et Art Contemporain de l’Université Paris 8 Vincennes, Saint-Denis – permettent ainsi, grâce à une production étonnante, de retracer l’évolution de ce médium.

 

 

Le Lavoir Numérique emprunte de nombreux chemins pour aider à la construction d’une véritable culture des images et du son mais aussi une connaissance de sa pratique. Les productions visuelles et sonores font partie de notre quotidien. Elles rythment nos vies et suivent les mutations technologiques. Le Lavoir Numérique se propose de devenir l’établissement porte-parole de ces évolutions esthétiques et techniques, et un vecteur de transmission nécessaire à la compréhension des questions soulevées par l’audiovisuel actuel.