Le monde sous-marin magnifié par la photographie en noir et blanc

La Galerie Maubert expose le travail singulier de Nicolas Floc’h qui capture la faune et la flore marine dans de superbes clichés. Il s’agit pour l’artiste de révéler un monde encore invisible à nos yeux. Une exploration sensorielle unique intitulée « Invisible », à retrouver jusqu’au 8 janvier 2022.

 

/// Quentin Didier

 

On connait beaucoup de la région marseillaise, de son architecture méditerranéenne, de la mythique Provence qui la borde de toutes parts, de ses calanques sauvages… Pourtant Nicolas Floc’h inscrit son travail photographique dans un paysage qui nous est encore finalement en grande partie inconnu. Il quitte le confort de notre monde tangible et plonge dans celui de l’invisible, à quelques mètres sous la mer.

 

 

Nicolas Floc’h pose son appareil au cœur des eaux des calanques marseillaises, dans le calme et la splendeur d’un univers qui n’est pas nôtre. Il réalise alors un cliché tous les 10 mètres environ, rendant compte de la frappante diversité des paysages qui évoluent sous nos yeux. On peut voir dans ce travail une première démarche naturaliste, un témoignage brut de l’exploration de ces fonds marins.

Mais très vite les cadrages et les échelles de plan, la lumière particulière, et la matérialité certaine de ces photographies rendent compte d’un aspect irréel et presque métaphysique. Un banc de poisson pris en contre-plongée dans l’immensité des eaux, semble par exemple léviter dans un ciel orageux. Le superbe noir et blanc peut donner à la flore et aux rochers une aura extraterrestre.

 

 

Tout cela est influencé par la capacité de l’artiste à nous transporter dans un monde où nous ne sommes que spectateurs, un monde empli de mystères et autres éléments fantasmagoriques, et un monde possédant sa propre sensorialité inintelligible par l’Homme. Par conséquent notre esprit s’égare et s’ouvre facilement à des visions chimériques, à des contemplations oniriques provenant de notre subconscient.

Le photographe capture dans un noir et blanc naturaliste un extrait du monde aquatique. Pourtant cet extrait ouvre les portes à une rêverie beaucoup plus large. En ayant exploré à peine 5% des fonds marins, l’Homme ne peut s’établir comme maître sur tous les éléments terrestres. Et c’est en cela que l’exposition « Invisible » parle aussi bien à notre imagination, elle déclare que notre perception sensorielle est encore loin d’être exhaustive.

 

 

Visuel illustration : Invisible, ©Nicolas Floch, Galerie Maubert, Paysages productifs, invisible, Calanque du Berger, -4m, 2019