Le parfum des Fleurs du Mal s’évapore à la Maison Guerlain

Le parfum des Fleurs du Mal s’évapore à la Maison Guerlain

À l’occasion des 170 ans du mythique flacon abeille, la Maison Guerlain nous ouvre les vapeurs de ses fleurs. Sa nouvelle exposition d’art contemporain fait honneur au célèbre recueil de Baudelaire à travers une série d’œuvres allant de la photographie à la peinture en passant par la sculpture et le numérique.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       

       /// Nora Djabbari

 

Des roses épineuses côtoient des tubéreuses et des lys lumineux. Plus loin, des notes de jasmin venues d’ailleurs font face à des orchidées vénéneuses. Les ronces de la pièce nous enlisent dans une rêverie cauchemardesque qui nous répugne autant qu’elle nous charme. Au détour d’une salle plongée dans l’obscurité, se font entendre des chants inspirés des fleurs. Ils viennent titiller nos oreilles avec délicatesse tandis que le vent fait bouger des pissenlits, déterre les coraux venus des profondeurs. Pour finir, un cabinet de curiosité secret nous dévoile des aquarelles colorées.

 

Vue de l’exposition

 

Nous sommes à la Maison Guerlain qui ouvre sa 16ème exposition dédiée à l’art contemporain. Les Fleurs du Mal fait suite aux Militantes, une exposition sur l’engagement féministe. La Maison Guerlain renoue encore une fois avec sa tradition de mécène de l’art pour nous livrer des œuvres faites par des grands noms comme Anselm Kiefer, mais aussi des artistes émergents.

 

Vue de l’exposition

 

Pop ou baroque, surréalisme et maniérisme, abstraction et romantisme s’unissent et créent un univers fictif à l’image de ce groupe d’artistes, varié venu d’horizon divers. Réunies pour célébrer la beauté, leurs créations nous intriguent et nous invitent à la contemplation. Chaque interrogation plane dans l’air comme une fleur laissant vaguement vapoter ses effluves. La question environnementale, celle du droit à l’avortement, mais aussi celle du genre et de le représentation de la féminine jonche sans arrêt ce parcours labyrinthique.

 

Vue de l’exposition

 

Le bouquet mortel de Yan Pei-Ming répond aux fleurs incandescentes de Jiang Zhi, tandis que les photographies charnelles d’Araki épousent la sensualité des sculptures de Roni Landa, qui transpose le corps féminin aux fleurs. Le langage des végétaux épouse celui du monde et le transcende, nous rappelant notre propre rapport au naturel et l’ambition de Baudelaire de créer une réalité indépendante grâce à la poésie. Le projet du poète brille ici de mille feux. Son écho traverse toutes ces œuvres sanguines, à la beauté fatale, menaçante et majestueuse.

 

La voix de Baudelaire semble revenir d’outre tombe, et les fleurs de cette exposition matérialisent ses vers. Avec mélancolie, elles restituent tout le bruit et la fureur de ses paroles, nous rappelant que le poète maudit est immortel.

Maison Guerlain

https://maps.app.goo.gl/1aee6PMdDkGWBye4A