Le site Richelieu : quelle postérité pour les musées ?

Le site Richelieu : quelle postérité pour les musées ?

Le site Richelieu de la BNF, fermé pendant près de douze années consécutives, a finalement rouvert ses portes le week-end du 18 septembre pour la plus grande joie du public parisien. Les architectes ont réalisé un pari difficile : celui d’allier un patrimoine historique avec une architecture plus moderne en accord avec son temps et ses ambitions contemporaines. Un nouvel escalier en pierre blanche a alors été façonné au centre du musée, contrastant énormément avec l’extérieur du bâtiment ou les galeries anciennes, mais rappelant assez finement le site Tolbiac.

/// Lolita Fragneau

Le Musée

 A l’origine, le site Richelieu était un musée d’Antiquité et comportait des collections d’objets précieux ou de mobiliers prestigieux ayant appartenus aux rois de France. Le bâtiment étant dépassé par l’accumulation de ses objets, le site Tolbiac est alors construit pour constituer un nouveau lieu qui abriterait les volumineuses collections.

Ces collections sont de nouveau accessibles au public sur les 1200m² du site Richelieu et se présentent comme une traversée chronologique du Moyen-Age jusqu’à l’époque moderne avec la possibilité d’admirer de nombreux objets différents – tels que des gravures, estampes, photographies, cartes, globes, et bien d’autres. Un travail énorme a été entrepris concernant la médiation des expositions pour les rendre le plus accessible possible et attirer les visiteurs peu importe sa connaissance, son âge, son origine. Un parcours spécifique a également été envisagé pour les personnes en situation de handicaps : les non-voyants ont des installations spécifiques où ils peuvent toucher des objets et des écritures en braille.

Musee de la BNF site Richelieu.
© Guillaume Murat

La médiation numérique

Un projet de médiation numérique a été engagé il y a de cela deux ans, aboutissant sur l’établissement de bornes numériques dans chaque salle, disposées sur le côté pour ne pas faire d’ombre aux œuvres installées dans les vitrines. L’avantage de ce processus est d’apporter une connaissance qui ne nécessite pas l’accaparation d’un conférencier par le biais d’un outil simple et interactif, permettant ainsi d’être plus attractif pour le visiteur.

Ainsi, dans la salle des Colonnes, une borne avec un écran tactile émerge dans la pièce, sur laquelle une conservatrice traite une question spécifique de manière synthétique, claire, illustrée et avec un vocabulaire à la portée de tous, tout en refusant un traitement enfantin. Ce dispositif est narratif car les médiateurs partent du principe qu’il faut une contextualisation préalable pour parler d’un sujet d’histoire de l’art. Une fois le contexte établi, l’œuvre est présentée en 3D et le visiteur peut le manipuler à sa guise pour appréhender chacune de ses facettes, comme c’est le cas avec le vase des douze travaux de Héraclès. Le dispositif offre également la possibilité de décomposer l’iconographie de l’objet pour mieux le comprendre, avant de permettre d’explorer d’autres objets présents dans la galerie.

La galerie Mazarin rénovée – BNF Richelieu © Guillaume Murat

Par ailleurs, plusieurs de ces bornes comportent une séquence « Dans l’atelier de… » qui permet de visionner les étapes décisives de la création d’un objet en particulier (comme les vases dans l’atelier du potier) avec toutes les explications nécessaires à sa compréhension. Dans la splendide galerie Mazarin, l’atelier de l’imprimeur donne l’occasion au visiteur de feuilleter la bible de Gutenberg même lorsque celle-ci est conservée dans les réserves du musée. La borne s’érige aussi comme un outil de lecture, où le regard du visiteur est dirigé en fonction des informations pertinentes.

La salle Ovale

La salle Ovale est celle qui a conservé la bibliothèque. Plus de 300 000 ouvrages extrêmement variés – presse, jeux vidéo, films documentaires, littérature jeunesse, romans graphiques et d’autres encore – sont en accès libre pour le public. C’est une logique plus récréative qui compose cette salle, les dispositifs de médiations ont alors été pensés différemment. Une des bornes comporte notamment un paysage illustré où se camoufle un bestiaire d’œuvre d’art : on peut y retrouver par exemple le chat présent dans l’estampe japonaise Les rizières d’Asakusa au moment de la fête du Coq de Hiroshige, mais aussi les licornes attachées aux tapisseries médiévales. Une sorte de « Où est Charly » géant, qui réussit à être didactique et ludique à la fois.

Le musée de demain ?

Le musée de la BNF n’est plus celui qu’il était avant sa fermeture. Rénové, amélioré, modernisé, il n’abroge pas pour autant les musées de l’ancien temps. Suivant la même volonté que le musée du Louvre, il ne veut pas se débarrasser de cet héritage patrimonial qui fait également l’élégance et la richesse d’un musée parisien. Il choisit alors d’utiliser ses fonds conséquents à l’élaboration du musée idéal : celui qui liera parfaitement l’ancien classique et les nouvelles technologies. Une chose est sûre, le passé n’est pas près d’être oublié, et notamment grâce à ces fameuses nouvelles technologies qui permettent de rendre compte de l’évolution entre le musée obsolète et son hérité.

 

BNF – Site Richelieu-Louvois

  • Adresse : 5 rue Vivienne
  • Code postal : 75002
  • Ville : Paris
  • Pays : France
  • Tel : 01 53 79 59 59
  • Site Internet : www.bnf.fr
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BNF - Site Richelieu-Louvois

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BNF - Site Richelieu-Louvois 48.869400, 2.340310