Ce livre a pour objet la représentation du suicide de Lucrèce dans l’art de la Renaissance, au Sud et au Nord des Alpes. La question qui le sous-tend est de savoir comment les artistes de cette période ont traité le cas limite de la représentation qu’est l’image d’une femme vivante en train de se donner la mort, l’image d’une femme joignant la vertu à la beauté qui se détruit, s’autodétruit. L’ouvrage explore les expérimentations novatrices d’artistes tels que Botticelli, Raphaël et Marcantonio Raimondi, Dürer et Lucas Cranach l’Ancien. Il permet ainsi d’expliciter les qualités multiples et poreuses, parfois contradictoires, d’une figure très tôt marquée du sceau de l’ambiguïté. Ce parcours inédit regroupe en chapitres les traits dominants que l’analyse permet déjà d’extraire des sources littéraires et qui résonnent tout particulièrement dans les oeuvres de l’époque. Ils sont ramenés au nombre de trois : Lucrèce politique, Lucrèce érotique, Lucrèce religieuse.
L’auteur nous guide à travers la fonction politique de la représentation de Lucrèce à titre d’héroïne emblématique de la République romaine, expose la tendance vers le nu qui s’y déploie avec ses inexorables détournements érotiques, et scrute le remarquable rapprochement analogique avec l’image du Christ et son sang versé. En vue d’élucider la fortune de cette figure romaine à la Renaissance, l’étude, inscrite dans le domaine de l’histoire de l’art, s’enrichit des acquis d’autres disciplines des sciences humaines : l’histoire culturelle et matérielle, les études littéraires et de genre, les sciences politiques et les sciences de l’Antiquité.
Henri de Riedmatten, Le suicide de Lucrèce. Eros et politique à la Renaissance, Paris, Actes Sud, 2022, 14 x 22,5 cm, 304 pages – 22,50 euros (23,99 euros en numérique)