Pour le mois d’octobre, la Galerie Claudine Legrand nous invite à un moment de pause dans l’univers enveloppant de Berg. À découvrir du 3 au 30 octobre 2024.
/// Emma Boutier
« Berg » veut dire « montagne » en allemand. C’est de cette façon que l’artiste diplômée des Beaux-Arts de Tours envisage la peinture : une escalade perpétuelle pour atteindre un sommet évanescent. Formée aux techniques anciennes, cette Sisyphe de l’art crée en 1999 l’atelier Artémisia, en hommage à Gentileschi, dont on peut sentir la présence dans les portraits sur fond sombre de Berg.
Sans bruit
Berg peint des tableaux silencieux. Silencieux, car ils ne s’imposent pas comme univoques, mais ont l’humilité de laisser les émotions qu’ils renferment et suscitent prendre le dessus. Grâce à une habile maîtrise des ombres, lumières et reflets, l’artiste nous amène à considérer la multiplicité des perceptions qu’un simple bout de paysage peut catalyser, si tant est que l’on prenne le temps de le regarder.
Brouillards oniriques
Armée d’une palette sombre, Berg peint des paysages emplis de mystères : où mène cette rivière zigzagante ? Que regarde cette enfant aux airs de poupée de chiffon ? Par le biais de cadrages abrupts ou de points de fuite déroutants, ses peintures nous apprennent à observer et à accepter de ne pas comprendre, pour ressentir.
Une atmosphère vaporeuse se dégage de l’ensemble, qui dorlote et inquiète tout à la fois. On se laisse facilement aller à la rêverie devant ce flou environnant, qui semble émerger des propres méditations de l’artiste. Ironiquement, les peintures de Berg ressemblent à des photographies bruitées : un filtre brumeux couvre leur surface, comme un brouillard de la pensée qui libère d’une perception normée et automatique.
Une figuration du souvenir
Avec tous ces portraits d’enfants en format carré, l’exposition nous promène à travers les pages d’un vieil album de photos de famille, prises sans flash. C’est un album mental que l’artiste semble avoir construit de toutes pièces. Berg travaille le portrait par le prisme de la réminiscence : pas de figuration trait pour trait, mais une peinture de l’émotion liée au souvenir de la personne rencontrée. Les visages effacés traduisent l’évanouissement progressif de ce souvenir, crypté par le temps.
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Galerie Claudine Legrand
- Adresse : 49 rue de Seine
- Code postal : 75006
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 43 25 96 60
- Site Internet : www.galerielegrand.com