L’étonnante Fabian Albertini de nouveau exposée à la Galerie Molin Corvo

Après avoir exposé ses très belles photographies au début de l’année, Fabian Albertini est à nouveau mise à l’honneur du 1er décembre 2022 au 21 janvier 2023 à la Galerie Molin Corvo. Plasticienne confirmée et touche à tout, elle présente une série d’œuvres originales nommée « Fluido », dévoilant un éventail de travaux intéressants issus de sa pratique artistique interdisciplinaire, englobant peintures, dessins, polaroïds peints et installations.

 

/// Lolita Fragneau

 

Fabian Albertini est une artiste italo-brésilienne basée entre Reggio Emilia et Rio de Janeiro. Dans ses premiers travaux, elle a exploré le complexe de la conscience en créant des performances interprétées par des danseurs contemporains à l’intérieur de l’environnement, publiant cinq livres sur ce thème entre 2000 et 2010.

Au début de l’année 2022, Fabian Albertini s’est lancée dans une nouvelle ligne de recherche et a commencé à développer la série « Stato Fluido », une étude sur la relation et les limites entre les structures géométriques et la fluidité du corps humain qui utilise l’encre et le néon comme médium artistique de choix.

 

 

« Le fluido, c’est une substance qui peut couler, qui n’a pas de forme fixe et qui offre peu de résistance à une contrainte extérieure, capable de s’écouler et de changer facilement de forme », explique Juliana Curvellano – la commissaire de l’exposition. En effet, l’œuvre de l’artiste italo-brésilienne est une mobilité, une succession indistincte de nuances qualitatives. Elle affirme ainsi que « la conscience, la vie psychique, comme la vie en général, est un flux continu, un changement constant qui ignore l’immobilité ».

Le monde doit être analysé sous de multiples aspects, il n’est pas composé de particules ou de choses substantielles, comme on l’a souvent supposé, mais est plutôt constitué de processus. Fabian explore les processus, car pour elle, tout est appelé à se modifier, à évoluer et à changer au fil du temps, à se transformer de manière fluide et à osciller entre différentes possibilités.

Elle se rappelle ainsi les paroles de Jean-Jacques Rousseau : « Tout est dans un flux continuel sur la terre. Rien n’y garde une forme constante et arrêtée, et nos affections qui s’attachent aux choses extérieures passent et changent nécessairement comme elles. Toujours en avant ou en arrière de nous, elles rappellent le passé qui n’est plus ou préviennent l’avenir qui souvent ne doit point être : il n’y a rien là de solide à quoi le cœur puisse attacher. Aussi n’a-t-on guère ici-bas que du plaisir qui passe… »

Revenant sur ses premiers Polaroids de portrait extrêmement réussis des années 1990, Fabian Albertini poursuit sa pratique de repeint de photographies pour créer des formes abstraites organiques afin de jouer sur la subjectivité et la déconstruction des éléments descriptifs d’une photographie.

L’installation « In/Out » qui ouvre ou ferme l’exposition sont des portes, dont chacune est un portail vers les rives d’une autre sphère. À l’intérieur desquelles un espace vide/plein est simulé, comme une continuation de l’espace réel. Le portail laisse le spectateur confus, incertain de sa position à l’intérieur ou à l’extérieur de l’enceinte, de son rôle d’observateur ou d’observé.

Juliana Curvellano résume parfaitement la vision et l’œuvre de la plasticienne : « le résultat est un ensemble d’œuvres poétiques, où le monochrome et le multicolore, le cadrage et l’infini, la précision et le mystère ne font qu’un ».