L’extraordinaire parcours de la photographe Annie Leibovitz

L’extraordinaire parcours de la photographe Annie Leibovitz

Elle est probablement l’une des photographes les plus renommées au monde, Annie Leibovitz vient de remporter le Prix de la Photographie de l’Académie des Beaux-Arts. Pour l’occasion une exposition au Pavillon Comtesse de Caen à Paris retrace son incroyable carrière.

/// Quentin Didier

 

Les personnalités les plus importantes et influentes de ces dernières décennies sont passées sous le flash de l’artiste américaine. Difficile en effet de ne pas associer de tels cadrages et de telles mises en scènes à de l’art. Annie Leibovitz commence une carrière dans le photojournalisme alors qu’elle est encore étudiante à l’Université de San Francisco. Elle devient très rapidement l’une des photographes les plus douées et importantes de sa génération en travaillant pour le mythique magazine Rolling Stones, puis par la suite pour Vanity Fair, Vogue…

 

La jeune femme débute lors de la sulfureuse décennie des années 70, faisant un portrait de l’Amérique et plus globalement de l’Occident, avec un accent mis sur les artistes. Annie Leibovitz tire de fabuleux portraits de ces âmes passionnées comme les poètes Tess Gallagher et Robert Penn Warren, mais aussi Patti Smith, les Rolling Stones dont elle a suivi une tournée sans aucun doute mouvementée en 1975, et bien évidemment John Lennon dont elle enregistra un dernier cliché mythique seulement quelques heures avant sa tragique mort.

 

John Lennon and Yoko Ono, New York City, December 8th, 1980, © Annie Leibovitz

Annie Leibovitz cite Henri Cartier-Bresson et Robert Franck comme ses principales influences, mais développe un style personnel en marge des grandes normes du 8ème art. Elle privilégie une mise en scène singulière, parfois extravagante, travaillant son image avant, pendant et après la prise. En résulte des clichés léchés qui ravissent la presse, le monde de l’art, le monde de la mode…

 

Annie Leibovitz devient une photographe de stars au style unique, un style où chacun de ses clichés marquent l’esprit du spectateur. Elle emprunte aussi bien le côté fantaisiste et parfois onirique de Slim Aarons, tout en cherchant à dresser un portrait avec le moins d’artifices possibles. Elle s’adapte en réalité terriblement bien à ses sujets, à toutes les personnalités importantes qu’elle est amenée à rencontrer.

 

La photographe incarne en un sens l’âme de l’Amérique, par l’extravagance et la grandiloquence de certaines de ses œuvres, et par la mosaïque de paradoxes de ces dernières. Annie Leibovitz capture autant les milieux artistiques et intellectuels, que des sujets plus superficiels. Difficile en effet de ne pas sourire lorsqu’on admire la photographie tout en sobriété de Donald Trump et de son épouse Melania. Lui s’installe dans une superbe voiture de sport sur un tarmac, alors qu’elle pose en sous-vêtements et hauts talons à la sortie d’un avion juste à côté.

 

Retracer l’immense parcours d’Annie Leibovitz, c’est également retracer la culture populaire de l’Occident de ces dernières décennies et de tous ses plus intéressants acteurs. Véritable icône de la photographie populaire contemporaine, au style faussement consensuel, l’artiste américaine inspire encore fascination et admiration de par une œuvre qui sort de tous les sentiers de l’ordinaire.

 

Tess Gallagher, Syracuse, New York, 1980, © Annie Leibovitz

 

Visuels couverture : Académie des Beaux-Arts © J. Agnel

 

 

 

 

Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des Beaux-Arts