Mathias Bensimon nous ouvre les portes de ses jardins cosmiques à la Galerie Loft

En parallèle de l’exposition de sa fresque de 21 mètres de long “Jardin Cosmique” au sein du jardin intérieur du Ministère de la Culture à Paris, Mathias Bensimon est à l’honneur dans un solo show sur deux pièces de la Galerie Loft jusqu’au 2 décembre 2023.

       /// Nora Djabbari

« Un peintre c’est quelqu’un qui essuie la vitre entre le monde et nous avec de la lumière, avec un chiffon de lumière imbibé de silence ». Ces mots de Christian Bobin nous accompagnent comme une caresse tout au long de ce voyage méditatif qui débute dès que nos pas foulent les espaces de la Galerie Loft, dans le 6ème arrondissement. Loin de la grisaille et de la frénésie parisienne, les visiteurs plongent dans la lumière, se gorgent de rêveries et de douceur, voltigent avec un apaisement inattendu dans un univers tout fait de volupté. Assis ou en mouvement, les visiteurs sont invités à ressentir, à partir à la découverte de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit, submergés par une puissance cosmique et mystique.

L’artiste mis à l’honneur dans ce solo show est Mathias Bensimon, diplômé des Beaux-Arts et spécialiste de fresques grand format. Formé académiquement par ses pairs, il s’éloigne vite de la représentation figurative classique pour développer un style personnel dont on sent des influences diverses, probablement absorbées lors de ses nombreux voyages. Passionné de sciences, sa démarche est enrichie par l’étude de la physique quantique, mais aussi par les réflexions bouddhistes qui confèrent un aspect spirituel à son travail. Ses fresques dépeignent des paysages abstraits, animés par un souffle de vie. L’exposition s’étend sur deux salles qui se font face, l’une dédiée au jour, l’autre à la nuit. Immergé dans cet espace, le visiteur s’éveille ou se rendort, plongé dans une contemplation bienfaisante, bercé par la certitude enchantée d’avoir assisté à quelque chose relevant de l’apparition sacrée.

La lumière et ses secrets, au cœur du travail de l’artiste, a ici toute sa place. Pour évoquer l’obscurité, dans sa série Nuit, Mathias Bensimon se concentre sur l’intensité avec des bleus profonds, tandis que sa série Jour, plus douce, s’accorde avec la lumière naturelle dont baigne l’espace d’exposition, immergeant son visiteur dans un instant figé, hors du temps.

Le raffinement nacré des fresques, résultant de la combinaison de techniques multiples, confère une délicatesse singulière à ces ensembles, évoquant par moments l’élégance épurée du japonisme. Les pigments minéraux, méticuleusement fondus, créent une harmonie visuelle. C’est un travail minutieux de nuances et de détails, porté par une observation constante de la matière, comme le souligne Mathias Bensimon : « Ce qui m’intéresse dans le champ et l’étendue de la peinture est la matière. La matière comme substance, intelligence et révélatrice. La matière enchante, révèle, invoque. La magie qu’elle révèle fait mon inspiration et mon aspiration. Dans mon travail, l’essentiel de ce qui survient provient d’une écoute. Par une attention à la mouvementation de la vie, au remuement qu’est l’expérience du ressentir. Il naît et surgit des formes, des couleurs…».

En sortant de cette exposition, le visiteur emporte avec lui le souvenir d’une expérience sensorielle, d’une immersion dans la poésie de la lumière. Chaque coup de pinceau semble effleurer son support, brossant par des touches successives, à la manière des impressionnistes le vivant. Finalement, on retient les visions troubles d’un instant d’éternité, où la frontière entre le visible et l’invisible semble s’estomper.