Matisse à travers le prisme de la revue Cahiers d’Art

Matisse à travers le prisme de la revue Cahiers d’Art

Le musée de l’Orangerie à Paris expose certaines des œuvres phares de l’artiste Henri Matisse, en lien avec sa collaboration avec la revue Cahiers d’arts fondée par Christian Zervos en 1926. Du 1er mars au 29 mai 2023, les visiteurs pourront admirer au sein de l’exposition Matisse. Cahiers d’Art – Le tournant des années 1930 les anciens numéros parus dans les années 1930, qui sont significatifs de l’entrée du peintre dans la modernité. Une thématique à la fois très précise et originale qui permet de découvrir un pan méconnu dans la carrière de l’artiste.

 

/// Lolita Fragneau

 

Les années 1930 sont caractéristiques de l’entre-deux-guerres : elles sont le symbole d’un besoin de renouveau, de radicalité, et d’ailleurs. Cette période marque profondément Henri Matisse (1869–1954), qui voit son style considérablement influencé et changé : c’est à cette période décisive qu’il va se voir placé « sur l’échiquier de l’art international ». Cette transition se fait par le biais de la revue Cahiers d’Art : destinée à traiter de l’actualité artistique et s’intéressant ainsi aussi bien à la peinture, sculpture, architecture, cinéma qu’à l’art ancien, elle se tenait en porte-parole des courants esthétiques de son temps.

Henri Matisse, Les Trois Sœurs
1917, Huile sur toile, 92 × 73 cm, Paris, musée de l’Orangerie © Succession H. Matisse, Photo RMN-Grand Palais (musée de l’Orangerie) /Michel Urtado / Benoit Touchard

Le parcours est divisé en six chapitres distinctifs, débutant par les prémices de Cahiers d’Art, puis se penchant plus spécifiquement sur la méthode de Matisse, qui vu dans la photographie un médium particulièrement intéressant pour voir l’évolution de certaines œuvres, qu’il n’hésite pas à publier dans la revue. Un chapitre entier est également consacré à son tour du monde en 1930 de New York à San Francisco en passant par Chigaco et Los Angeles, mais aussi Tahiti et la Guadeloupe. S’il fût très peu prolifique durant cette période, il n’en gardera pas moins les motifs ancrés en tête, les reprenant de nombreuses années après son retour en France.

Pendant son passage aux Etats-Unis, Albert C. Barnes lui commande une décoration murale pour la salle principale de sa fondation à Merion, près de Philadelphie, dont il commence la réalisation à son retour en France en 1931. Enthousiasmé par l’idée de se confronter à une échelle monumentale, Matisse reformule les fondements de son art et radicalise ses processus formels. Nombreuses de ses études et esquisses sont rassemblées dans la section destinée à La Danse, montrant les différentes réflexions qui traversèrent l’artiste.

Cahiers d’art, 1926, nº 1, Couverture © Editions Cahiers d’Art, Paris 2023 © Succession H. Matisse, Photo Musée d’Orsay, Paris / Sophie Crépy

Au tournant des années 1930, Matisse se consacre pleinement au dessin et à la gravure, comme à une forme d’exercice plastique. Il commence alors un projet d’illustration des Poésies de Stéphane Mallarmé commandé par l’éditeur Skira, avant d’illustrer en 1935 le roman Ulysse de James Joyce. Pour se faire, il s’inspire davantage des mythes de la célèbre épopée d’Homère plutôt que de la réelle histoire l’écrivain irlandais. Ces gravures font écho à celles de Picasso pour Les Métamorphoses d’Ovide (1930) ou encore à sa Suite Vollard (1933) où ressurgit le thème de la lutte d’amour entre nymphe et faune.

La dernière salle s’attache à montrer les tableaux réalisés dans ses ateliers qu’il appelait « jardin d’hiver », situés successivement sur la place Charles-Felix puis à partir de 1938 au Regina. Un ensemble de tableaux avec des personnages portant parures et blouses roumaines prennent pour décor des intérieurs animés de philodendrons géants et de volières d’oiseaux exotiques. Par leur tension vibrante entre la ligne et la couleur, par une organisation claire en aplats et la profusion de motifs ornementaux, ils montrent une vitalité retrouvée pour l’artiste.

Au-delà de la spécificité de son sujet, l’exposition présente de nombreuses œuvres très peu montrées en France et ainsi moins connues du grand public, telles que Le Grand nu couché de Baltimore, Le Chant de Houston ou encore la série des Blouses roumaines de 1938. Voir les créations originales ou les études à côté des anciennes parutions de la revue Cahiers d’Art revient, le temps d’un instant, à effectuer un bond dans le temps, un retour dans les années 1930, si signifiantes d’une modernité artistique. C’est un point majeur et trop méconnu de l’histoire de l’art qui s’accroche entre les murs de l’Orangerie par le prisme de ces reliques artistiques.

Henri Matisse, Grand nu couché (Nu rose), 1935, Huile sur toile, 66,4 × 93,3 cm, Baltimore Museum of Art © Succession H. Matisse, Photo Baltimore Museum of Art / Mitro Hood

Musée de l’Orangerie

  • Adresse : Jardin des Tuileries
  • Code postal : 75001
  • Ville : Paris
  • Pays : France
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Musée de l'Orangerie

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