Patricia Noblet, Peintures

Patricia Noblet, Peintures

Jusqu’au 17 juin, L’Oeil du Huit pose un regard sur l’œuvre de Patricia Noblet. Par un retour sur ses productions hivernales, l’exposition Peintures présente des œuvres qui s’imprègnent de la nature du Mercantour.

« Assise sur un pont avec mes carnets et de l’encre de chine, je me laisse envahir par cette frénésie de l’eau qui court et qui claque entre les roches. » explique Patricia Noblet. Perchée dans les alpes franco-italiennes, la peintre dessine des scènes abstraites parsemées de ruisseaux. Comme transportée par la mutation du contexte qui l’environne, l’artiste se situe dans une pratique gestuelle et poétique. Peintes après l’étude de croquis, ses toiles découlent d’une rencontre entre délicatesse et puissance. Pour figer le souvenir de ce flux parfois saccadé, Patricia Noblet retient son geste et peint dans un second temps comme pour rendre compte du mouvement sans se laisser emporter par la frénésie du courant.

Argile, bûche, ciel d’orage, ours brun… Autant de couleurs naturelles qui composent la palette de Patricia Noblet. Entre ombres et lumières, la peintre pénètre la nature comme pour rendre compte de son effervescence. Travailler avec le paysage et regarder l’eau ; rassembler la matière pour mieux penser la composition : telle est la démarche de l’artiste. Alors que des tons terreux s’estompent, des bleus azurs apparaissent subitement. Délicats ou transcendants, les pinceaux de l’artiste gouttent parfois tant ils sont imbibés d’eau. Des papiers épais sont donc choisis pour figer le geste d’une artiste qui se déploie comme la roue d’un paon. Sans titres, les peintures sont comme parcourues par un élan expressif qui semble ne pas vouloir limiter l’interprétation.

L’exposition Peintures, Mercantour fait donc résonner le réel au moyen d’une peinture sensible. Dans un lieu où la vue est au rendez-vous, il est fortement recommandé de faire appel à tous ses sens pour se remémorer la fougue de l’eau.

Texte : Clara Kientzy

Crédit photo : Patricia Noblet, Sans titre, huile sur toile, 100 x 100cm, 2018. ©L’Oeil du Huit