La Galerie Arcanes présente du 7 juin au 21 juillet, l’exposition Dolce Vita regroupant les photographies de Patrick Braoudé.
Un œil se travaille, presque comme un muscle. Un regard devenu expérimenté, aguerri, capture les détails d’une scène que des yeux moins affûtés ne remarquent pas. De par son travail en tant que réalisateur de cinéma, l’œil de Patrick Braoudé est précis, et il l’utilise pour capturer des scènes, cette fois ci, délaissant sa caméra et s’emparant d’un appareil photo.
« Comme cinéaste qui aime regarder ses contemporains, j’aime prendre du temps à observer la plage : groupes d’amis se retrouvant pour un moment d’amitié, familles en quête de détente, couples d’amoureux venus s’isoler. Mes photos sont des instantanés de ces vies espionnées. » – explique l’artiste. Devant ces photographies, nous imaginons effectivement le photographe, sur la plage, espionnant ces vies qui se déroulent autour de lui. Pris de loin, les clichés semblent mettre en focus quelques éléments d’une scène très vaste : sur les grandes étendues de sable plusieurs actes se passent au même moment, Patrick Braoudé place alors son attention vers l’un d’entre eux. Mais ce sont seulement des silhouettes, des ombres en mouvement, qui apparaissent dans les compositions, où l’individualité de chacun repose sur les couleurs qu’ils ont décidées de porter, sur des positions les caractérisant. Personne ne peut identifier ces individus capturés discrètement par l’objectif, lors d’une balade sur la plage, eux-mêmes ne se reconnaîtraient peut-être même pas.
Ces plages de Normandie, devenues le terrain de jeux du photographe, attirent et attisent l’inspiration d’artistes depuis déjà des décennies. Berceau de l’impressionnisme, ces paysages où l’horizon sépare le sable de la mer, sont propices à la contemplation. Les clichés de Patrick Braoudé sont ainsi composées par la palette, comme des tableaux : au premier coup d’œil, nous pensons être face à des peintures. Tel du pointillisme, les contours des figures sont suggérés par les points de nuances qui construisent le paysage, oscillant entre les bleus du ciel et de l’eau, le beige du sable et les teintes des vêtements des baigneurs ou du matériel de plage.
Les visages des promeneurs ne sont pas détaillés, seules des silhouettes, marchand ou se prélassant, se distinguent. Les formes se déforment légèrement, comme si nous assistions à un mirage : la chaleur intense de l’été semble alors avoir pris possession des photographies.
Texte : Angèle Imbert
Crédit Visuel : Patrick Braoudé, Photographie