Quand la Galerie de l’Europe fait dialoguer l’abstraction et la couleur

/// Nora Djabbari

Catherine Barthelemy, Emerich Meerson et Jacques Reverdy partagent une réelle vision du monde dans ce beau dialogue de peintures bleutées. Leurs œuvres sont complémentaires, leurs rencontres une musique au rythme harmonieux. Tous trois ont le point commun de s’exprimer par l’abstraction et la vibration des couleurs. Les couleurs, centrales dans ce parcours, envahissent les toiles jusqu’aux bords, explosent pour créer de nouveaux mondes où tout devient possible. Les pigments froids, chargés de mystère nous interpellent, nous font vivre une expérience contrastée où l’apaisement côtoie la rêverie.

Tour à tour, nous voyons l’intensité d’un soleil couchant, l’éclat d’une matière minérale brillant dans la nuit, des volcans qui se réveillent et se dressent amoureusement. Les toiles de ces artistes sont en mouvement. C’est toute une nature hors du temps qui se dévoile, là, dans un endroit caché ne répondant pas aux exigences du réel, mais bien fidèle aux imaginaires des artistes. Ces mondes mystiques hypnotisent notre regard et nous forcent à la contemplation.

Tout est une danse équilibrée. Tantôt des nuances de gris, tantôt des rouges ondoyants, un camaïeu de vert parfois, mais toujours ce bleu roi, ce bleu froid qui fait unit les créations. Chez Jacques Reverdy, un geste puissant qui figure des fulgurances, chez Emerich Meerson des paysages oniriques où les formes se fondent et se transforment, et enfin, chez Catherine Barthelemy, des toiles jaillissantes de lumière. Mais en fin de compte, c’est la matière qui prime dans ce dialogue à trois voix. Par des jeux de textures et d’assemblages, ils repoussent les limites de leurs supports pour apporter une dimension sculpturale à leurs œuvres. C’est en composant des partitions picturales que ces peintres arrivent à nous partager, avec émotion, leur énergie jamais inassouvie.