Quand le consumérisme conquiert les Etats-Unis

Polka Galerie accueille du 25 mars au 14 mai Lee Shulman et son The Anonymous Project pour une plongée photographique dans l’Amérique des années 50 et 60, au moment où le consumérisme commence à devenir une religion quasi hégémonique dans le pays de l’oncle Sam. Pourtant de cette ambiance superficielle, l’artiste réussit à capturer une certaine liberté et une émancipation vis-à-vis des mœurs puritaines.

/// Quentin DIDIER

 

Avec son The Anonyous Project, imaginé lorsqu’il a récupéré par hasard d’anciennes diapositives, Lee Shulman s’intéresse aux inconnus, à tous ces inconnus qui façonnent la société inconsciemment et involontairement. L’exposition In the beginning présente ces clichés anonymes dans une pluralité de formats – de très petits négatifs Kodachrome ou Ektachrome originaux, à une impression directement réalisée sur des éléments de mobiliers de l’époque (télévision cathodique, rideau, etc…). L’artiste cherche à retranscrire l’histoire du consumérisme sur le territoire américain, terre promise de l’ultra-libéralisme si l’on en croit la popularité de l’Atlas Shrugged d’Ayn Rand – bible de l’égoïsme qui est aujourd’hui le deuxième livre le plus vendu aux Etats-Unis derrière le texte sacré du christianisme.

Lee Shulman compose alors une atmosphère fidèle à une époque en pleine ébullition, où la consommation tend doucement vers l’excès. Les acquisitions matérielles entrent dans le cadre de vie et le cadre photographique de la classe moyenne – développant une insidieuse société superficielle où le consumérisme n’est plus seulement l’affaire des plus riches, mais s’ouvre au plus grand nombre.

 

 

La scénographie image cela joliment notamment par le biais d’une installation qui présente une arrivée majeure dans le foyer des occidentaux : la télévision. Même si elle ne peut pas bouger du salon, la petite lucarne devient un membre de la famille à part entière qui s’invite sur les photographies. Les clichés où elle apparait sont eux-mêmes affichés sur des postes cathodiques assemblés sous la forme d’une croix, tout un symbole.

 

 

Pour cette exposition In the beginning, Lee Shulman dégage tout de même une aura nostalgique certaine – celle d’une époque où le consumérisme n’était pas encore viscéralement ancré dans la société, mais encore seulement un concept abstrait et attractif. Alors c’est à nous spectateur de composer notre point de vue réflexif sur ces diapositives au premier abord anodines, mais pourtant tellement lourdes de sens.

 

Crédits visuels : © The Anonymous Project / Courtesy Polka Galerie.