Du 9 octobre au 8 novembre, la Galerie Taménaga présente l’exposition Ruten -In memory of Takehiko Sugawara. Pensée comme un hommage à Takehiko Sugawara (1962-2025), à la suite de sa récente disparition, la rétrospective invite à se plonger dans l’œuvre et dans la vie de cette figure majeure du renouveau de la peinture japonaise contemporaine.
///Melian Pussey
Takehiko Sugawara est né en 1962 à Tokyo. Il fait ses études artistiques à la prestigieuse Université des Beaux-Arts de Tama, de laquelle il sort diplômé en 1989. S’ensuit alors une brillante carrière artistique où il se voit décerner de nombreux prix et distinctions (le Grand Prix du Ministère de la Culture et le Grand Prix Nikkei). Il rencontre du succès auprès de nombreuses institutions muséales japonaises, ces dernières lui ayant consacré des expositions personnelles. Il démarre sa collaboration avec la Galerie Taménaga en 2012, année de sa première exposition personnelle chez eux.
Ruten est une célébration de son œuvre et de sa vie, organisée à la suite d’une chute accidentelle survenue lors d’un voyage en montagne au Japon. Ce périple avait été initié avec l’objectif d’étudier, en prévision de projets ultérieurs, de nouveaux motifs naturels. L’accrochage de la rétrospective inclut ses toutes dernières réalisations comme Tsurugisugi (image ci-dessous) et Nanahirosugi (image mise en avant).

Le titre de cet hommage n’est pas anodin, puisqu’il emprunte un terme cher à l’artiste, qu’il employait lui-même pour qualifier ses travaux, « Ruten » désignant “un écoulement incessant, la transformation de toute chose”. Dans ce contexte, le terme est investi d’un sens supplémentaire, étant donné que celui-ci est également associé au “passage de la vie à la mort, à la continuité entre disparition et renaissance” De plus, il évoque la “permanence d’une essence qui perdure au-delà des formes changeantes”.
La galerie et les proches de l’artiste cherchent à prolonger la vision et à diffuser l’œuvre singulière d’un créateur inscrit dans une riche tradition artistique japonaise. Takehiko Sugawara maîtrise, en effet, les techniques ancestrales du Nihonga, impliquant l’utilisation de matériaux naturels tels que les pigments minéraux et le papier washi. Ceux-ci représentent les composants les plus récurrents de l’ensemble de sa production, parmi elle, les quarante tableaux exposés. La mobilisation d’un tel savoir-faire ne se fait pas sans innovation car Takehiko Sugawara les revisite pour proposer des formes et des textures uniques. Par exemple, il transforme des mélanges d’encre de Chine, de cendres de pin et de colle nikawa (colle à base animale) en pâte dense et visqueuse, déviant de son usage classique.
Ses travaux purement contemporains et abstraits dans leurs effets visuels sont issus d’un rapport profond avec la nature. Sa contemplation représente une étape à part entière, durant laquelle Takehiko Sugawara retranscrit la force vitale de ses sujets d’inspiration naturelle.


Cette retranscription prend des formes variées avec des qualités visuelles attrayantes. Les surfaces peuvent être plates ou son contraire, brillantes ou mât. La plupart des tableaux ont une texture saupoudreuse, résultat de l’usage de pigments maintenus par la colle.