Sandra Martagex : la magie du désir

 

/// Alina Roches-Trofimova

 

Ce qui apparaît d’emblée, c’est que le travail de dessin de Sandra Martagex s’articule autour du désir et en particulier du désir féminin. Une place de choix est donnée à la représentation de vulves qui sont ici comme des synecdoques visuelles du corps et des rapports charnels qui y prennent place. L’évocation de la sensualité passe également par le dessin des cheveux et des poils qui constituent un prolongement du désir au-delà du corps stricto sensu, un rayonnement des émotions.

 

 

Les cheveux se confondent avec d’autres traits pour former une toile envoutante, presque ensorcelante, dans laquelle le sujet semble pris sans que l’on ne sache réellement s’il s’y love ou s’il y est tenu prisonnier — le lien est ici polysémique. La dominante de rouges assimile les traits à autant de vaisseaux sanguins irrigués par le désir. Ce désir si vif en vient même parfois à dévoiler les os, les organes, les réseaux veineux. Nous sommes face à des dessins de chair palpitante, de corps. Ces corps se fondent et semblent aussi bien fusionner que s’entre-déchirer. Cet aspect paradoxal esquisse l’existence d’une ambiguïté dans le désir qui situe celui-ci quelque part entre le rêve et le cauchemar.

 

 

Les dessins de Sandra Martagex nous laissent voir un univers onirique. S’agit-il de rêves érotiques? De pulsions? De fantasmes? Emane de ces traits une certaine magie. Le désir nous envoûte, nous enveloppe, nous engloutit presque. S’il est une source de plaisir, il peut également faire peur. Tout comme la magie, le désir fascine autant qu’il effraie parce qu’il contient en lui une potentielle violence. Semblables à des contes, les dessins de Sandra Martagex nous partagent des histoires merveilleuses qui comportent, peut-être, un sens caché.

 

 

Visuel de couverture : Sandra Martagex, Tigre, Dessin En Deux Parties, 2020, Dessin, Dimensions: 28 x 20 cm, Tirage: Oeuvre Unique