Du 6 au 17 février, la galerie du Crous de Paris présente l’exposition collective Seuils, où sept jeunes artistes se réunissent pour imaginer l’espace de la galerie comme un « appartement habité par leurs œuvres ».
Le titre de l’exposition est explicite : en entrant dans la galerie, le spectateur est invité à pénétrer une série d’univers qui y cohabitent, séparés par des portes qui matérialisent le passage de l’un à l’autre. Les œuvres de Célia Coëtte, Martin Faure, Alexandre Korzeniovski, Suni Prisco, Lucy Ralph, Tanguy Roussel et Théophile Stern occupent ainsi des espaces bien définis, mais qui n’en demeurent pas moins communicants, notamment par les thèmes abordés par leurs créations : chez chacun de ces artistes, on retrouve, selon eux, une semblable « attention aux formes du quotidien » et une volonté de faire percevoir une certaine présence d’un corps disparu au milieu des objets présentés, comme s’ils en étaient encore habités.
La plasticienne Célia Coëtte travaille à partir d’objets trouvés – tissus divers, comme des fragments de costumes de carnaval, mais aussi fers à bétons et cerf-volants! – pour créer des formulations insolites qui interpellent le spectateur : jeux de langages et de formes aux couleurs séduisantes nous rappellent combien les choses du quotidien peuvent être absurdes. Alexandre Korzeniovski, qui a récemment exposé seul à la galerie, s’intéresse également aux objets qui ont un passé : il collecte des fragments chargés de souvenirs et, les accumulant et les assemblant tout en respectant leur singularité, dessine une archéologie de la mémoire collective. Comme lui, Tanguy Roussel et Théophile Stern ont également proposé une exposition personnelle il y a quelques mois : Tanguy Roussel explore les rapports entre son et art visuel en déclinant les qualités sonores des objets, tandis que Théophile Stern s’intéresse à l’objet comme production artisanale et à la poésie du matériau brut. Quant aux œuvres de Suni Prisco, elles semblent prêtes à disparaître sous nos yeux tant l’équilibre de ces fragiles écosystèmes est précaire : ici, on découvre dans les objets les plus hétéroclites de surprenantes et éphémères similarités de textures, et ces alchimies inattendues leur confèrent une préciosité neuve.
L’exposition fait aussi la part belle à la peinture. Martin Faure imagine des espaces surréalistes où objets isolés, ombres incongrues, architectures aux perspectives étrangement aplanies et surfaces hétérogènes racontent dans chaque tableau une histoire nouvelle. Lucy Ralph peint elle aussi des récits énigmatiques, où les choses ne se découvrent que par fragments, laissant au spectateur la tâche ardue de relier ces puzzles hypnotiques et absurdes.
Vernissage le jeudi 8 février
Texte : Alix Ricau
Crédit Visuel : © Galerie du Crous de Paris