Mississipis

Mississipis

Du 19 février au 23 mars, la galerie du Crous présente l’exposition Mississipis. Alexandre Barré, son commissaire d’exposition, y propose une relecture de la notion d’exposition en instaurant une intéressante dialectique entre son rôle de chef d’orchestre et l’activité de création des artistes qu’il réunit. 

En invitant huit jeunes artistes à se réunir et à créer une œuvre pour l’exposition Mississipis, Alexandre Barré, né en 1991 et lui-même artiste et chercheur, renouvelle des questions qui traversent depuis longtemps l’histoire de l’art et de son exposition : que signifie commander une œuvre ? Quelle part prend dans la création le commanditaire, quelles libertés sont laissées à l’artiste, comment tirer parti de la contrainte ? Pourrait-on plutôt imaginer une commande qui serait davantage proposition que contrainte, stimulation qu’ordre véritable ? Comment penser aujourd’hui la problématique figure du commissaire d’exposition, qui, depuis Harald Szeeman, n’a cessé de gagner en importance, tout en étant l’objet de nombre de contestations ? La démarche adoptée par Alexandre Barré relit ces interrogations sous l’angle original d’une dialectique instaurée sur le long terme entre les artistes invités et lui-même.

La genèse de Mississipis remonte à la fin de l’année 2016, lorsque Alexandre Barré a commencé à proposer aux artistes ce qu’il nomme des « textes critiques anticipés » : il s’agissait pour lui, à partir de son observation de leurs démarches, de projeter et de décrire rapidement les œuvres conditionnelles que pourraient produire ces plasticiens en vue de l’exposition. A cette première étape a succédé un dialogue avec chacun d’eux autour des textes produits, afin de comprendre le mieux possible la nature de la piste qui leur était proposée. Alexandre Barré n’est plus intervenu ensuite dans le processus de création ainsi engendré : il a simplement réuni toutes les œuvres réalisées à partir de ces « présages », selon ses propres termes, et les a exposées à côté de ces textes programmatiques. Ainsi, le spectateur peut découvrir ce que les mots du commissaire ont inspiré à Laure Mathieu, Morgan Azaroff, Alisson Schmidt, Thomas Portier, Vincent Tanguy, Ludivine Ledoux, Michaël Harpin et Mark Rakotoarivelo – des mots qui découlent eux-mêmes du travail antérieur des huit artistes. Il résulte donc de ce travail commun un entremêlement prolifique de temporalités différentes, de lettres et de matériaux plastiques, de directives et de chemins alternatifs, revisitant ingénieusement les attentes que l’on associe traditionnellement à l’acte de l’exposition.

Vernissage le jeudi 22 février de 18h à 21h

Texte : Alix Ricau

Crédit visuel : Affiche de l’exposition Mississipis © Galerie du Crous de Paris