Du 2 novembre au 2 décembre, dans le cadre du huitième volet de l’exposition Paris-Cotonou-Paris, la galerie Vallois – au 35 rue de Seine – offre ses cimaises à l’œuvre du francais Stéphane Pencréac’h et à celui du béninois Dominique Zinkpè.
En cette année 2017, la galerie Vallois poursuit son initiative de promotion de l’art contemporain béninois entamé cinq ans auparavant. Riche de belles découvertes, cette huitième étape de Paris-Cotonou-Paris fait se rencontrer le peintre et sculpteur francais Stéphane Pencréac’h, et l’artiste multidisciplinaire béninois Dominique Zinkpè ; un dialogue artistique entre deux hommes dont la route s’est pour la première fois croisée en 2016, à l’occasion d’une résidence au Centre Arts et Cultures de Lobozounkpa dirigé par Dominique Zinkpè lui-même.
Il est l’un des plus grands artistes du Bénin, très engagé sur la scène culturelle de son pays, et peut-être le meilleur ambassadeur de l’art contemporain béninois à travers le monde. D’ateliers en résidences, d’Afrique en Europe, Dominique Zinkpè (1969-) creuse son sillon. En 1993, il remporte le Prix Jeune Talent Africain dans le cadres des Grapholies à Abidjan ; dix ans plus tard, la Biennale de Dakar lui attribue le prestigieux Prix « UEMOA ». Autodidacte et polyvalent, Dominique Zinkpè s’approprie divers médiums ; ses créations évoquent les racines et l’identité, explorent les us et coutumes de son pays. L’exposition actuellement présentée à la galerie Vallois met en lumière la résonance particulière initiée par l’artiste entre son oeuvre peinte et la sculpture de bronze dont il travaille depuis récemment la matière. Ses personnages virevoltants (qui ne sont pas sans rappeler les silhouettes aériennes et noueuses du peintre autrichien Egon Schiele), mi-humain mi-animal, figurent les genres et les rapports de pouvoir ou de sexe : Ton pied mon pied ou Soumission plaisante, réalisées en 2017, en sont l’illustration. Les traits comme les volumes sont singuliers et puissants, transportant avec eux les âmes voyageuses.
Voyageur, Stéphane Pencréac’h en est un. Son parcours est celui d’un artiste né en 1970 à Paris, qui abandonne ses études d’histoire pour se consacrer entièrement à la peinture et la sculpture. Son art mélange les époques, fait écho au passé tout en traitant de l’actualité. En 2015, il présente une grande exposition à l’Institut du monde arabe à Paris : intitulée « Oeuvres monumentales », celle-ci prend sa source dans les révolutions arabes, la guerre en Syrie et les attentats de janvier à Paris. Ancré dans son époque, Stéphane Pencréac’h puise son inspiration dans l’être humain et les passions universelles comme la violence, la sexualité, l’amour ou la guerre. Les tableaux et les sculptures qu’il présente aujourd’hui à la galerie Vallois, fruits de sa résidence artistique au Bénin au printemps 2016, font encore et toujours écho à l’actualité. Elles portent toutefois ici la marque de son immersion : « Porter le sens avec peu de moyens, un parallèle avec l’Art Africain. » Dans ses toiles, rugueuses et sensorielles, le visiteur croit discerner des fétiches ; Mare Nostrum, assemblage de Playmobil, recourt quant à lui à une efficacité plus formelle, interpellant ostensiblement sur le sort des migrants. Un art engagé et engageant.
Deux artistes aux parcours croisés, dont les oeuvres se mêlent et se répondent, tels d’innombrables allers-retours entre Paris et Cotonou.
Vernissage le jeudi 2 novembre.
Texte : Léa Houtteville
Crédit visuel : Dominique Zinkpè, Petit copain, 2017 ©Fondation Zinsou