« Surface Horizon », une odyssée poétique

« Surface Horizon », une odyssée poétique

Les artistes Marguerite Humeau et Jean-Marie Appriou, invités à la Fondation Lafayette Anticipations, ont organisé un projet artistique dans ce bel espace d’exposition, se déployant depuis la cour intérieure jusqu’aux derniers étages de la Fondation. Nous entrons dans un véritable jardin ponctué de sculptures qui ouvrent devant nos yeux, une odyssée poétique.

/// Eléonore Blanc 

 

Quelle surprenante collaboration que propose la Fondation Lafayette Anticipations depuis le mois de juin. Le binôme de Marguerite Humeau et de Jean-Marie Appriou met en lumière la thématique de la vie, celle qui se trouve partout, même sous nos pas. Comme l’explique Marguerite Humeau, nos pieds foulent un horizon. En effet, de la surface de la terre vers la profondeur, le sol s’organise en couches appelées horizons.

Marguerite Humeau créée un scénario magique, avec plusieurs chapitres, dont L’abandon, La colonisation ou encore L’histoire évoquant le renouveau, la trêve, les temps cosmiques et l’ailleurs. Ce scénario artistique prend la forme d’une ballade entre les plantes, sculptures, serres avec la présence, si particulière, des visages crées par Jean-Marie Appriou.

À travers Surface Horizon, la nature prend une place prédominante et nous interroge sur ses interactions visibles que nous observons tous les jours, mais également celles invisibles qui parcourent la terre. Les deux artistes construisent alors un dialogue entre la nature et nous-même. Telle un conte, l’exposition Surface Horizon fascine par l’impact qu’elle procure sur nos sens. Comme l’installation Lévitation qui émerge du sol, ressemblant à un bassin rempli de plantes. À côté de ces végétaux, nous découvrons Les Sirènes de Jean-Marie Appriou, sculpture en strates qui, par son regard féérique et étrange, semble venir d’un monde inconnu.

© Eléonore Blanc

Les personnages principaux de ce conte sont les plantes, ou plutôt les « mauvaises herbes » qu’on nomme ainsi à tort. L’artiste Marguerite Humeau avait préalablement étudié le pouvoir de ces plantes, bien souvent évincées de nos jardins. Et pourtant, ce que nous observons à travers cette exposition, ce sont leurs pouvoirs bénéfiques pour l’Homme, malgré une marginalisation. Surface Horizon est une métaphore de nos émotions et expériences vis-à-vis d’autrui. Ces installations végétales sont une recherche sur le pouvoir médicinal de ces plantes sur nos corps et esprits.

Jean-Marie Appriou répond à ce scénario par des sculptures qui, semblent humaines mais surtout irréelles. L’artiste transporte le visiteur dans un récit de science-fiction. Le regard de ses sculptures nous interpelle. En se rapprochant de leurs yeux immenses, nous observons un entrelacement des couleurs au sein de l’iris. Vu de si près, l’œil ressemble plus à un paysage fantastique, parfois volcanique.

©Eléonore Blanc

Les artistes s’emparent de matériaux périssables pour créer des œuvres nouvelles. Jean-Marie Appriou a sculpté des œuvres en terre, moulées par la suite. Les sculptures disparaissent progressivement. On voit déjà que la terre se fissure sur certaines des œuvres, donnant une poésie singulière à l’œuvre.

Cette exposition propose une rencontre avec l’état de fragilité de la vie, qui peut cependant devenir une force et une capacité de survie.

L’exposition rend hommage aux éléments oubliés, marginalisés ou mal aimés. Elle pousse notre réflexion sur les raisons et conséquences de ces oublis. Elle interroge subtilement : comment, à l’image de cette terre qui recèle un pouvoir de renaissance exceptionnel, nous pouvons changer notre rapport à la nature ? Et aux autres ?

Un ouvrage de Jean-Marie Appriou et Marguerite Humeau paraît à l’occasion de cette exposition. Sixième numéro d’une collection de carnets d’artistes, il se présente sous forme d’un livret imprimé en risographie par l’atelier d’édition de Lafayette Anticipations. Il apporte de nombreux éléments sur l’organisation de l’exposition. Le livret comprend également les pensées personnelles des artistes sur chaque œuvre de l’exposition, donnant une intimité particulière à sa lecture.

À l’occasion de la Nuit des musées la samedi 3 juillet, l’exposition Surface Horizon sera exceptionnellement ouverte jusqu’à 22 heures, qui avec la nuit tombée propose d’offrir un moment hors du temps.

©Eléonore Blanc 

Lafayette Anticipations – Fondation d’entreprise Galeries Lafayette

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